dimanche 3 avril 2011

Résumé de l'UFC 24:Mr. Wonderful still wonderful!


Un main event qui voit, dans les deux combats principaux, une nouvelle star s'élever sans conteste possible vers le haut de la catégorie, au détriment d'une star plus ancienne.

Alex Caceres contre Mackens Semerzier

Mackens Semerzier a une bonne occasion de se faire un nom, en affronter Alex « Bruce Leroy » Caceres, surtout connu pour son comportement peu discret dans la dernière saison de TUF, mais dont le niveau avait agréablement surpris contre Michael Johnson. 1 minute suffit à Semerzier pour passer un takedown, Caceres se débrouille bien, ne passe pas son triangle mais parvient à se relever contre la cage. Sur une nouvelle amenée au sol, Semerzier atterrit à cheval. Après quelques coups, il prend le dos et, malgré de bonnes tentatives de sortie de Caceres, finit par passer à la perfection un étranglement arrière, mettant fin à sa série de 3 défaites consécutives au WEC. Bienvenu à l'UFC, Monsieur Semerzier!

Leonard Garcia contre Chan Sung Jung

Nam Phan, blessé, est privé de l'occasion de montré officiellement qu'il est plus fort que Leonard Garcia, après la décision «étrange» de leur dernier combat. Chan Jung Sung, prévenu peu de temps avant, accepte le challenge et saisit l'opportunité de mettre les juges d'accord, après la décision partagée (en faveur de Garcia) qui avait clôt ce combat un an auparavant. Poings et pieds partent, à un rythme correct mais qu'on attendait plus soutenu, pendant une grande partie du premier round, sans que personne ne parvienne à prendre l'avantage ni à faire de dégâts significatifs. Les choses changent quand le «zombie coréen» passe une amenée au sol, atterrissant, c'est original, en nord/sud. Rien d'alarment quand Garcia se sort sans trop de mal d'une clef de bras, plus alarmant quand, en tentant de se relever, il prend deux coups de genou avant d'être posé à nouveau sur le dos et que Chan Sung Jung le frappe contre la cage, avec de l'amplitude, pendant le peu de temps qui reste, l'empêche encore de se relever en prenant le dos et frappe jusqu'à ce que le gong sonne, ôtant toute ambiguïté sur le vainqueur du round... et sur la différence de niveau au sol.

Les échanges debout, bien plus spectaculaires mais toujours aussi serrés, continuent au 2ème round. C'est d'ailleurs sur un middle kick (en contrant un high kick!) que Chan Jung Sung met Garcia sur le dos, une minute seulement avant la fin. Garcia prend de gros coups et a la drôle d'idée de donner son dos, position verrouillée instantanément par le Coréen, qui confirme que sa domination écrasante au sol au round précédent n'était pas un accident. On croit malgré tout Garcia tiré d'affaire quand il sort un peu facilement une jambe : l'étranglement arrière est déjà facile à défendre, alors en 20 secondes et avec une mauvaise position... sauf que quelques coups de coude plus tard, le zombie coréen fait comprendre qu'il s'était en fait mis, de lui-même, en bonne position... pour un twister. Cette clef de colonne vertébrale, aussi atroce qu'étrange (elle rappelle vraiment les pubs pour le jeu de société Twister!), que seul Eddie Bravo, son inventeur, semblait capable de passer à haut niveau, contraint Garcia à taper quelques secondes avant la fin du round, ouch! Une Submission of the Night qui devrait mériter d'être Submission of the Year. Et c'est le premier twister de l'histoire de l'UFC. Il y a de bonnes raisons de penser que les prochains adversaire de Chan Jung Sung ne donneront pas leur dos au sol!

Amir Sadollah contre Damarques Johnson

Johnson ne perd pas de temps, dans ce combat entre ces deux anciens de TUF dont la place dans la catégorie (welterweight) est difficile à définir. Poings en avant, il sonne instantanément Sadollah qui essaye quand même de contrer et de revenir, le fait glisser et atterrit en garde latérale. Le niveau au sol de Sadollah lui permet de se relever très vite. Un coup aux parties ralentit un peu Damarques Johnson, mais pas longtemps, il veut repartir de suite. L'effet de surprise passé, Sadollah se permet une démonstration de boxe thai, passant plusieurs attaques en avançant entre les coups de poings. Changement de stratégie de son adversaire, qui le projette. Rien d'extraordinaire ne s'y passe : Sadollah amortit les coups de Johnson, qui voit venir les tentatives de clef de Sadollah et finit par se relever de lui-même. Une occasion gentiment offerte à Sadollah de continuer, après une interruption, à rassurer sur sa supériorité debout, qui devient vraiment nette. Dernier terrain à explorer pour Johnson : le corps à corps. Et après quelques coups de genoux encaissés (mais moins que ce que l'on aurait pu attendre), il passe une splendide projection type judo. Sadollah se relève de suite et passe à son tour une projection (un double leg ultra classique, bien moins spectaculaire), mais ne profite pas beaucoup, à l'exception d'un superbe coup de poing depuis la position debout à quelques secondes de la fin du round, du fait que son adversaire, pour la première fois du combat, soit sur le dos.

Poings, front kicks et tibias de Sadollah volent à nouveau quand le gong sonne pour le 2ème round, ignorant les poings de Johnson qui parvient quand même à passer un genou au corps, sans empêcher son adversaire de le mettre dos à la cage. C'est le genou de Sadollah, sur une tête tenue fermement, qui va être décisif pour le combat. L'esprit guerrier de Johnson, qui lance ses poings en avant avec vitesse et puissance, fait que l'achever est loin d'être une formalité, mais le courage ne suffit pas. Sadollah prend son temps puis se permet même de reculer, comme s'il n'avait pas touché, et quand l'occasion se présente plaque son adversaire au sol, son ground'n'pound agressif le sape encore plus. Nouvelle projection, et des coups de coude au visage depuis la position à cheval mettent tout le monde d'accord pour arrêter un combat où personne n'a démérité.

Dan Hardy contre Anthony Johnson

Après un combat contre Georges Saint Pierre qui a surpris tout le monde (Georges Saint Pierre le premier!), en particulier avec son niveau sur le dos qu'on pouvait supposer inexistant, Dan Hardy a à nouveau créé la surprise au combat suivant, dans l'autre sens, en se faisant mettre KO par Carlos Condit, surpassé sur son propre point fort. Il a l'occasion de rassurer contre Anthony Johnson qui lui ressemble énormément (sauf physiquement!) : un bon niveau en lutte au service d'un pieds-poings destructeur. Hardy décevra pourtant encore dès le premier round : il évite le pire sur un high kick, mais se retrouve sur le dos. Et c'est au tour d'Anthony Johnson d'impressionner : ses poings matraquent, avec une cadence et une amplitude conséquentes, l'Anglais qui ne parvient pas à profiter du bon niveau sur le dos qu'il avait montré contre GSP pour passer des clefs. Johnson montrera par la suite qu'il a été plus impressionné que le public par le pieds-poings de Hardy (ou qu'il a été moins impressionné que le public par son niveau sur le dos!), en continuant sa stratégie de ground'n'pound sur l'ensemble du combat. Cerise sur le gâteau, il est à deux doigts de passer un étranglement latéral, puis une américana, sur la fin. Une décision unanime largement remportée, et un combat qui fait plaisir à voir au moment où ça semble de plus en plus impossible de trouver un adversaire potable à un certain Georges Saint Pierre.

Phil Davis contre Antonio Rogerio Nogueira

C'est extrêmement détendu que l'invaincu Mr Wonderful, remplaçant de Tito Ortiz, aborde le combat de loin le plus difficile de sa carrière, contre quelqu'un qu'il qualifie lui-même de légende. Et si les derniers combats de Rogerio «Minotoro» Nogueira (décision partagée douteuse contre Jason Brilz prévenu au dernier moment et défaite pas du tout douteuse contre Ryan Bader) ont été décevants, il suffit de regarder l'ensemble de son palmarès pour reconnaître que frère jumeau du grandissime «Minotauro», aussi partenaire d'entraînement de Ryoto Machida et Anderson Silva, doit être pris très au sérieux.

La décontraction de Davis semble justifiée dès le premier round, qu'il domine même si, contre toute attente, il domine en pieds-poings (pas son point fort, alors que le palmarès amateur en boxe de Rogerio Nogueira est très respectable), se permettant même des front-kicks au visage mais ne parvient pas à passer d'amenée au sol, malgré plusieurs tentatives différentes (double-leg très bas après attaques en haut, plus classiquement depuis le corps à corps, …). C'est seulement au deuxième round, 2 minutes avant la fin, qu'on verra «Little Nog» sur le dos. Très efficace pour maintenir Davis à distance, il prendra tout de même quelques coups, et surtout à aucun moment il ne le mettra en danger sur une tentative de clef. La fin du round sera particulièrement favorable à l'Américain qui envoie crochets puis coups de genou au corps à un adversaire recroquevillé contre la cage (bloqué là suite à une tentative pas trop réussie de se relever), attendant le gong pour se libérer.

Si le 3ème round est intéressant scientifiquement puisqu'on s'aperçoit que Phil Davis essouflé, ça existe (ça ne lui était jamais arrivé avant, malgré son volume musculaire et sa cadence incroyable), lui-même ne semble pas perturbé puisqu'il envoie entre autres front kick sauté (!) et high kick sur son prestigieux adversaire. Il passe ensuite, comme si c'était facile, le single-leg le plus classique du monde, et reprend son ground'n'pound laborieux, mais il a une excuse, c'est un ancien de la BBT (équipe, pour mémoire, d'Arona, Bustamante, Sperry, Belfort, …) en face. Rien d'autre de significatif ne se passera jusqu'à la fin du round. Phil Davis remporte (heureusement!) la décision unanime, et sans voir le détail des points on peut supposer qu'il n'a toujours perdu aucun round dans sa carrière à l'UFC. On attend toujours la personne qui pourra enlever le sourire de Mr. Wonderful, son short rose et sa plastique de bodybuildé.



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