mardi 15 mars 2011

UFC on Versus 3 et (dernier?) Strikeforce

On commence avec quelques combats de l'UFC on Versus 3.

Cyrille Diabaté contre Steve Cantwell

Avec une victoire et une défaite, Cyrille Diabaté doit impérativement gagner s'il veut être sûr de continuer sa carrière à l'UFC. Le kickboxer français reste à distance prudente, envoie avec un timing parfait ses poings et ses tibias et touche très souvent, même si ses bras le long du corps même très tôt dans le combat laissent inquiet sur son cardio. Cantwell, malgré sa ceinture noire de JJB, ne fait rien de son amenée au sol au 1er round, et Diabaté semble à un cheveu d'obtenir le KO sur un uppercut, 20 secondes avant le gong. Le même scénario continue au 2ème round : Cantwell semble servir de sac de frappe pour une démonstration de boxe thaï (on se demande parfois comment il fait pour ne pas tomber KO), Diabaté pousse même la provocation jusqu'à l'amener au sol, mais sa domination écrasante est tempérée par une fatigue qui s'accumule. 3Ème round sans aucune amenée au sol, Cantwell tente quelques high kicks qui sont loin d'avoir la moindre chance de passer, la décision unanime qui suit est très largement méritée pour Diabaté, qui espérons le sera bientôt réinvité à envoyer ses tibias sur d'autres côtes.

Chris Weidman contre Alessio Sakara

Weidman a accepté 2 semaines avant d'affronter, pour son premier combat à l'UFC, Sakara qui, personne ne le niera, frappe fort. Une solution pour se débarrasser rapidement du problème : se servir de son niveau en lutte (victoires dans cette discipline sur... Phil Davis et Ryan Bader!). L'Italien parvient pourtant à rester sur ses pieds, et si la plupart de ses crochets sont bloqués, le low kick qui suit ne l'est jamais et claque bien. Malgré le peu d'attaques que Weidman passe (ses jabs sont lents et téléphonés, le reste timide), Sakara finit le 1er round avec une énorme coupure à l'arcade. Le ton change dès les 1ères secondes du 2ème round, quand Weidman passe un single-leg. La coupure de Sakara est énormément aggravée, et cette fois-ci on sait pourquoi. L'arbitre, on ne s'en étonne plus vraiment, attendra une accalmie dans le round (quand l'Italien aura réussi à se relever, plus de 2 minutes plus tard!) pour arrêter le combat le temps d'essuyer. Sakara exprimera son mécontentement... en s'essuyant sur la chemise de l'arbitre, qui le prend plutôt bien. La dernière minute se passe debout en boxe et Weidman, bien que plus convaincant et sûr de lui qu'au round précédent, encaisse beaucoup de crochets au corps. Sakara passera le 3ème round à limiter, sous le dos, les dégâts du ground'n'pound de Weidman. L'Américain remporte une décision unanime qui, si l'écart n'était pas si large, est méritée. Débuts à l'UFC encourageants pour ce combattant encore invaincu.

Mark Munoz contre CB Dollaway

Après avoir subi un takedown et s'être relevé rapidement, Munoz passe un direct qui n'est pas sans rappeler ceux de Dan Henderson, en contre, au menton de CB Dollaway. Son regard dans le vide et le fait qu'il ne tienne plus debout sont de bons indices pour l'arbitre qu'il est temps d'arrêter le combat. Dollaway n'est pas d'accord. Pourtant, il ne bloquait pas les coups que Munoz lui a envoyés dans la foulée, et quand on connaît la puissance du ground'n'pound de Munoz, il faut se voiler la face pour penser que la cervelle ne lui aurait pas coulé par le nez si personne n'avait arrêté les frais. Le tout aura duré 54 secondes, le Philippin rappelle qu'il a sa place plus haut que ça dans la hiérarchie des poids moyens.

Diego Sanchez contre Martin Kampmann

Après s'être fait arnaquer par les juges après sa domination très inattendue sur Jake Shields (particulièrement écoeurant quand on constate que Shields, grâce à cette «victoire», sera le prochain à affronter Georges Saint Pierre pour le titre), Kampmann continue est face à Diego Sanchez, autre adversaire de haut calibre. Kampmann, prudent, touche avec des directs (dont un contre qui mettra Sanchez... sur les fesses, comme son nom l'indique) et des coups de genou, et bloque au premier round toutes les amenées au sol de son adversaire. «The Dream» (nouveau surnom, avant c'était «The Nightmare», si quelqu'un comprend l'intérêt du changement qu'il n'hésite pas à faire signe) envoie et passe parfois des crochets, sans faire d'énormes dégâts. Au 2ème round, Sanchez touche plus (en particulier pendant un échange de crochets, mais Kampmann s'en dégage facilement dès que son adversaire prend l'avantage), mais, malgré de très nombreuses tentatives, ne passe pas une seule amenée au sol. Rien de bien nouveau au 3ème round, si ce n'est que Sanchez passe enfin une amenée au sol, mais Kampmann se relève immédiatement. Les juges, originaux, donnent unanimement la victoire à Sanchez. Pourtant, comme le fait remarquer Kampmann, il suffit de regarder leurs 2 visages pour voir qui a le plus ramassé. Si lui même est assez enflé, on dirait que Diego Sanchez s'est mis du miel sur le visage avant de mettre la tête dans un nid d'abeilles. Et c'est sans compter les amenées au sol bloquées en continu. L'ancien champion du Danemark de kickboxing a de quoi être dégouté par les juges de l'UFC, qui esquintent sérieusement sa carrière pour la deuxième fois consécutive.

Passons maintenant au Strikeforce, qui sera peut-être le dernier, mais si c'est le cas, ça aura eu le mérite de finir en beauté, avec en particulier 2 titres en jeu.

Jorge Masvidal contre Billy Evangelista

Masvidal inflige sur une décision logique sa première défaite à Billy Evangelista qui a dû se sentir bien seul, dominé d'un cran dans tous les domaines (boxe, lutte, clinch, sol, …).

Melvin Manhoef contre Tim Kennedy

Après avoir échoué dans sa tentative de prendre la ceinture de Jacare, l'un des meilleurs grapplers au monde, Kennedy affronte Manhoef et ses crochets aussi explosifs que surpuissants, qui ont fait des victimes même au K-1. L'ancien béret vert devra se servir de son expérience pour éviter les tirs de mortier! Manhoef, moins performant au sol que debout (pour utiliser un euphémisme), a très vite l'occasion de montrer qu'il a bien bossé la lutte. Kennedy étant très prudent au niveau des distances, son adversaire doit se contenter d'envoyer des low kicks. Il en passe deux, qui font déjà mal. Sur le deuxième, Kennedy fonce une nouvelle fois sur ses genoux pendant qu'il repose la jambe et, en s'y prenant à plusieurs temps, envoie enfin Manhoef, le dos bloqué par la cage, au sol, atterrissant dans une garde latérale qui n'arrange pas le kickboxer! Il passe très vite à cheval, Manhoef donne son dos pour se sortir, mauvaise idée : immobilisé instantanément par Kennedy qui n'a plus qu'à passer son avant-bras sous sa gorge, il tape peu après sur un étranglement.

Marlos Coenen contre Liz Carmouche

Après avoir pris la ceinture de Sarah Kauffman, Coenen défend pour la première fois son titre contre la prometteuse Liz Carmouche, son adversaire initale ne pouvant pas combattre. Sans vouloir manquer de respect à l'Américain, on a tout de même un peu de mal à y croire quand Coenen dit en interview que c'est un « challenge » d'affronter quelqu'un qui n'a que six combats (même s'ils ont tous été remportés) au palmarès et qu'on a prevenu seulement deux semaines avant qu'elle allait combattre... en 5 rounds et contre la championne. Et pourtant...

Au premier round, le combat se déroule uniquement debout. Sans surprises, Marlos Coenen (qui s'entraîne à la Golden Glory... comme entre autres un certain Semmy Schilt, et un certain nombre de combattants du K-1) domine les échanges, profitant de son allonge pour bloquer les coups de poings de Carmouche, et écraser à répétition ses tibias sur sa cuisse, même si elle prend aussi quelques low-kicks au passage. Carmouche ne se démonte pas et entame le 2ème round encore plus agressive, ce qui lui vaudra un douloureux direct en contre dans les premières secondes (oui, les premières secondes ça veut dire quelque chose et non, ce n'est pas un jeu de mots). En clinch contre la cage, Coenen profite que son adversaire aille chercher les jambes pour tenter une guillotine, et se laisse basculer en arrière pour finir l'étranglement. Carmouche se dégage facilement... et là, c'est le drame. Après quelques coups pas très convaincants depuis la garde, l'Américaine se relève pour prendre de l'amplitude et passe un premier direct puissant. Coenen la reprend dans sa garde et tente de lui faire la même chose qu'à Sarah Kauffman (juji inversé), sans succès. Carmouche se relève encore, mais au lieu de frapper passe (facilement) en garde latérale. Quelques violents coups de genou au biceps et à l'épaule, puis une clef de talon esquivée plus tard, Carmouche cartonne son adversaire depuis la position à cheval. Il reste une minute entière dans le round. Coenen ne semble connaître qu'une seule sortie (passer les jambes devant les épaules de l'adversaire pour le faire basculer en arrière), pas de bol elle ne marche pas. La Hollandaise retourne dans son coin esquintée, et surtout probablement en retard au niveau des poings, pas bon pour l'honneur quand on défend son titre contre quelqu'un qui a été prévenu au dernier moment (au fait, est-ce que Shogun a regardé ce combat^^?). La 3ème reprise se déroule en clinch presque dès le début, et Carmouche, cette fois-ci de façon orthodoxe (balayage), amène le combat au sol à la moitié du round. Il ne lui faut que 10 secondes pour passer de la garde latérale à la position à cheval. Coenen bloque et amortit comme elle peut, pas suffisamment pour pouvoir espérer que le score donné par les juges ne soit pas catastrophique pour elle, ou pour s'épargner une très mauvaise nuit avec une migraine conséquente, mais suffisamment, et c'est loin d'être négligeable, pour ne risquer le TKO à aucun moment, ce qui doit prodigieusement frustrer et énerver Carmouche. Au début du 4ème round, Coenen est donc dos au mur, pas au sens propre comme pendant une bonne partie des différents clinchs, mais au sens figuré, contrainte à renverser le cours du combat pour qu'il lui reste le moindre espoir de gagner sur décision, si le combat devait durer les 10 minutes réglementaires restantes. Le combat ne va au sol qu'au bout de 15 secondes, mais c'est la Hollandaise cette fois-ci qui est se retrouve au dessus après avoir contré un balayage. Elle frappe un peu et se relève. Carmouche en profite pour passer un single-leg, et dès l'atterrissage Coenen semble armer une clef de bras, malgré la domination subie au sol jusqu'ici. C'est en fait un triangle qu'elle verrouille, dans un incroyable remake de Silva/Sonnen. Carmouche passe un violent crochet (dernière tentative de s'en sortir ou volonté de faire payer sa défaire à Coenen?), puis tape. Après un incroyable combat, un incroyable retournement de situation. L'ironie veut qu'il soit survenu au 4ème round, comme si Coenen avait voulu montrer la différence entre champion et challenger (les combats sans titre en jeu ne se déroulent qu'en 3 rounds). On peut aussi s'étonner et s'émouvoir de voir que Carmouche semble, dans l'interview qui suit, bien prendre sa défaite. Elle disait avant le combat n'avoir rien à perdre (enfin, c'est aussi ce que disaient Goodridge avant d'affronter Fedor et Goes avant d'affronter Coleman, et on a bien vu que... en fait si) et on la croyait sans peine, et elle a montré à la grande surprise de tous (surtout de Marlos Coenen O:) ) que c'était faux. Une grande leçon de sportivité, dans plusieurs sens du terme, donnés par Liz Carmouche, qui a sûrement un très grand avenir dans le sport. On attend aussi avec impatience de revoir Marlos Coenen, qui a montré qu'elle savait gagner (ça on le savait déjà!) mais surtout revenir de loin.

Dan Henderson VS Rafael Cavalcante

Après avoir remporté une demi-finale contre Babalu, Hendo affronte logiquement le champion, Rafael Cavalcante, qui défend, avec dans son coin Pedro Rizzo et Anderson Silva, son titre tout neuf, remporté en infligeant sa première défaite à Mohammed Lawal. Dan Henderson combat avec sa garde légendaire (celle qui fait bien comprendre que n'importe lequel de ses poings peut partir vite, et mettre KO), ce qui n'empêche pas «Feijao» d'entamer les hostilités avec un puissant low kick jambe arrière. Après un deuxième low kick passé, et un direct digne des directs habituels d'Hendo esquivés, il se paye même le luxe d'un knock down (sur un crochet) sur le challenger. Ancien lutteur olympique, celui-ci se relève vite et passe une amenée au sol. Absolument pas intimisé, Cavalcante arme quelques clefs, sans pouvoir aller très loin. Le combat repart debout, le round se terminera en clinch. Hendo semble décidé à passer aux choses sérieuses au deuxième round, et avance en envoyant crochets et low kicks. Feijao tempère avec un clinch. Après différentes tentatives de part et d'autres, Henderson atterrit en demi-garde en contrant une amenée au sol. Cavalcante passe un magnifique renversement avant de prendre trop de coups, et frappe mollement jusqu'à ce que les sifflement du public poussent l'arbitre à relever les deux combattants. Après quelques échanges en boxe, Hendo passe une nouvelle amenée au sol, et le round se termine. Au début du 3ème round, le fameux direct de Dan Henderson percute Feijao pile sur le menton. Il tombe sur le ventre, Hendo verrouille la position et l'achève. Lui qui avait gagné la ceinture si convoitée de Wanderleï Silva lors du dernier Pride, remporte son premier titre depuis... juste avant le rachat du Strikeforce.

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