dimanche 20 décembre 2009

Sciences Humaines nous trouve inhumains

Quelle bonne surprise, de voir dans le n° de décembre de Sciences Humaines, un article sur ce sport jeune (le 1er UFC date de 1993) mais qui se développe bien qu'est le free-fight. C'est supposé être un journal sérieux, voilà qui devrait changer des âneries qu'on avait pu voir par exemple sur Stade 2 et sur Canal +... Mais non, l'article a beau prétendre concerner la sociologie, pas plus de documentation ou de réflexions que dans les émissions de télé qui vendaient de la sauvagerie. La désillusion ne tarde pas : dès la 2ème phrase, la journaliste invente que les combattants se tirent les cheveux (c'est effectivement arrivé une fois, il y a plus de 15 ans, à l'UFC 3... maintenant on en est à l'UFC 108 et c'est interdit depuis très longtemps), ou que le sport consiste en partie à "frapper au sol sans défense" l'adversaire (sachant que la pauvre victime qui est en dessous au sol a les moyens d'étrangler l'adversaire, de lui casser le bras, voire de le mettre KO d'un coup de talon -c'est arrivé il y a très longtemps avec le célèbre combat Renzo/Taktarov, mais bien plus récemment Mousasi a remporté le tournoi du Dream avec cette technique-, drôle de façon d'être sans défense). La journaliste ne va cependant pas s'arrêter en si bon chemin et va encore s'enfoncer en inventant que ce sont les téléspectateurs qui décident des règles plus que les combattants. Si le port de gants et la disparition des coups de tête servent en effet le spectacle (on tape plus fort quand on risque moins de se casser la main, et bloquer l'autre au sol en donnant des coups de tête en attendant la décision des juges est une stratégie efficace mais soporifique pour le public), comment expliquer que les impressionnants soccer kicks aient récemment disparu? Tout ça ne paraît pas compatible avec le spectateur assoiffé de sang contraignant le pauvre athlète à disparaître sanguinolent sur une civière après chaque affrontement. Bien entendu, pour satisfaire ces brutales exigences, le producteur délocalise (si si, c'est écrit dans l'article!). Et si certains spectateurs sont d'abord attirés par la violence, si certaines organisations font leur pub là-dessus, faut-il oublier que le but premier de ce sport est de comparer les sports de combat entre eux? Qui ne s'est jamais demandé si un judoka battrait un boxeur, si le kung-fu était supérieur à la boxe thaïlandaise, ce que valait un sumo ou un catcheur dans un combat? La journaliste énumère les noms qui désignent le combat libre (en mélangeant d'ailleurs joyeusement avec des noms d'organisation, j'irai bien lui proposer de jouer au FIFA un samedi après-midi ou de faire un 1 contre 1 en NBA...) et oublie l'un des plus utilisés, MMA pour mixed martial arts, et qui désigne précisément l'intérêt technique du sport. Merci Sciences Humaines d'avoir distrait tant de monde avec de si belles inventions... Et moi qui croyais que la sociologie consistait dans un premier temps à se documenter! En faite ça semble consister à caser 2-3 mots savants (ici Norbert Elias et la sportivisation, pour dire bien sûr que le free-fight c'est le contraire) au milieu d'idées fantaisistes. Sur ce, je m'en vais égorger des chatons, voler des jouets à des orphelins puis boire des choppes de sang frais devant un bon snuff movie.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

As-tu fait part de tes observations en écrivant à la revue ?
Olivier

Yokozuna a dit…

Pas encore mais je vais envoyer un truc au courrier des lecteurs