dimanche 18 décembre 2011

Citation du moins : décembre 2011


"I'm awesome. You're not."
John Dodson

La team Jackson grandit ENCORE!


Ce n'est pas un secret, Greg Jackson entraîne pas mal de monde, au point qu'on est maintenant habitués à voir sa tête plusieurs fois à chaque UFC. Et il entraîne pas mal de monde à très haut niveau. Son gymnase fait partie des nombreux visités par Georges Saint-Pierre, et il entraîne aussi Jon Jones qui a presque coupé en 2 la tête de Machida avec son coude la semaine dernière avant de l'endormir sur une guillotine/twister debout, et son plus grand rival du moment Rashad Evans, ce qui sera vachement embêtant quand les deux lourds-légers arrêteront de se blesser chacun à leur tour.

Deux ceintures UFC sur 7, c'est pas mal, même si la Team Black House fait pareil (et en aurait même eu 3 si Machida avait battu Jones, mais on en était quand même très loin), mais Jackson ne s'arrête pas en si bon chemin : à la finale du TUF 14, les deux vainqueurs, John Dodson et Diego Brandao, sont aussi de son équipe.

Pour la finale poids coqs, TJ Dillashaw cherche dans un premier temps à boxer... il n'y aura pas de deuxième temps. Un crochet, éclair et parti d'une courte distance, et Dillashaw subit sa première défaite sans avoir eu l'occasion de faire ce qu'il fait de mieux (le ground'n'pound).

C'est Dennis Bermudez qui fait face à Diego Brandao pour la finale poids plumes. Doué au sol surtout quand il est au dessus, capable de récupérer d'une situation difficile, pour une fois peut-être que les terrifiants poings de Brandao ne trouveront pas si rapidement un menton sur leur chemin. Et effectivement ça commence bien pour Bermudez, non seulement il se permet de boxer mais il touche avec pieds, poings et genoux, surtout en sortie de corps à corps. Sauf qu'il finit par prendre un crochet. Il reste debout, mais prend un des fameux coups de genou sautés de Brandao peu après et va au sol, mais en accrochant son adversaire. Le round est bientôt finit, Brandao accélère... et s'emballe un peu trop, son menton arrive à toute vitesse sur le poing solide de Bermudez. Une minute pour en finir. C'est faisable. Bermudez cogne en ground'n'pound, fort. 10 secondes avant la fin, Brandao arme une clef de bras. S'il tourne pour le mettre sur le dos et finir sa clef, Bermudez aura les pieds contre la cage et pourra sortir. Mais le Brésilien s'en est bien rendu compte, et le bascule magnifiquement en avant au lieu de juste le renverser. Impossible de tenir les quelques secondes restantes : Bermudez, qui semblait avoir presque gagné, tape. Mieux, la clef était tellement parfaite que sur le ralenti, on se rend compte que Bermudez avait déjà tapé avant d'être renversé. Brandao, qu'on n'avait pas encore vraiment vu travailler au sol, alors qu'il semblait se contenter de survivre ce qui est déjà impressionnant, calculait son coup. Il devait pourtant avoir à peu près l'esprit aussi clair que quelqu'un qui a la gueule de bois à un concert de casseroles en cuivre.

Dans le show, Dodson était dans l'équipe de Miller et Brandao dans l'équipe de Bisping. Mais les deux font partie de la Team Jackson. Attention Cruz, Aldo, Edgar, Silva, Dos Santos : il ne reste au moustachu au crâne rasé que 5 ceintures à remporter.

vendredi 2 décembre 2011

Citation du mois : novembre 2011


"C'est comme ça qu'on devient un meilleur combattant, en perdant. Parce que si on est malin, on ne perdra jamais une deuxième fois de la même façon."
Bas Rutten

Pas trop tôt!

Le blog dédié aux sports de combat du monde.fr (nommé, de façon originale, combat.blog.lemonde.fr ), dont j'avais bêtement cru au début qu'il ne parlerait que de judo parce que les deux-trois premiers articles concernaient la "voie de la souplesse" et qu'il était tenu par un judoka, parle, plutôt avec enthousiasme et sur trois posts, des efforts de Bertrand Amoussou pour le développement du free-fight, dont la plupart des médias se complaisent à donner une image très caricaturale, surtout en France (où il est interdit) mais pas que. C'est tellement une bonne initiative qu'on pardonne (un peu) au blogger de qualifier King (de Tekken), dans un autre article, de lutteur alors que c'est un catcheur.

Le lien vers les articles : http://combat.blog.lemonde.fr/category/mixed-martial-arts-mma/

L'occasion d'une découverte nuancée pour ceux qui n'en ont jamais entendu parler, et pour les fans une synthèse sympathique passé-présent-peut-être futur proche avec au menu les efforts d'Amoussou à travers son association (CNMMA, pour Commission nationale de MMA) pour unifier et développer l'enseignement et la compétition, un rappel du passé très proche avec la ministre des Sports Chantal Jouanno qui traitait, tout en nuance et argumentation, les compétiteurs d'animaux, et un rappel d'un passé bien plus lointain (648 avant JC, et pas "-648 avant JC", comme dans l'article, qui ne veut rien dire) qui comporte quelques imprécisions ("ne pas mordre et ne pas frapper aux yeux" était le quasi-slogan des premiers UFC, pas sûr du tout que ça n'ait été le règlement officiel du pancrace dans l'Antiquité, la similitude tombe un peu trop bien, la boxe et la lutte ont coexisté avec le pancrace et ne lui ont pas succédé -les lecteurs du manga Tough se souviendront que Platon considérait ce sport comme l'association d'une lutte imparfaite et d'une boxe imparfaite-, et surtout arbitre et règles existaient -et ont évolué continuellement- dès les premiers UFC en 1993, sans attendre le Pride en 1997 qui n'a par ailleurs jamais strictement instauré de catégorie de poids si ce n'est pour distribuer un peu plus les titres mondiaux) mais c'est pas grave.

Une autre imprécision concerne le fait que Bertrand Amoussou ait gagné "le" Pride. ça laisse croire qu'il a gagné un tournoi, ou un titre. Il serait plus exact de dire qu'il a gagné UN combat au Pride, combat par ailleurs très très mineur à l'échelle de l'organisation. Par contre, comme c'est mentionné, il pourra éternellement se vanter à juste titre d'être le seul Français à avoir remporté un combat dans cette organisation puisqu'après 10 ans de combats d'anthologie elle a été rachetée puis a disparu. Les autres Français (Gilles Arsène, Cyrille Diabaté, David Baron, je crois et j'espère que je n'oublie personne) qui y ont combattu ont eu des adversaires infiniment plus prestigieux mais la victoire n'a pas été au bout.

Tant que j'y suis, et comme je suis parti pour être relou, je vais aussi reprocher à Amoussou (dont le frère Karl combat actuellement au prestigieux et montant Bellator) d'avoir dit au détour d'un commentaire pour un DVD du Pride qu'il était contre les soccer kicks (parce que les soccer kicks, c'est bien), et aussi son système de progression avec les mitaines blanches à noire. Déjà on peut trouver que ça ne rime pas à grand chose de calquer sur une discipline purement sportive un système de progression dérivé directement des arts martiaux traditionnels (pourquoi pas des crampons de couleur selon le niveau pour le foot, ou des raquettes pour le tennis ou le badminton?), mais en plus cette unification des techniques, si elle contribue probablement (un peu) à améliorer l'image du sport et la sécurité des compétiteurs, me paraît aller à l'encontre du principe d'origine du MMA, qui est l'idée de divergence d'horizon des combattants, de richesse technique, de la-méthode-ultime-qu'elle-est-mieux-que-les-autres, qui a donné lieu à tant de navets avec Van Damme (Bloodsport, Le grand tournoi, ...). Le temps du sumo contre le ninja ou du shaolin contre le lutteur, dont on a pu profiter aux premiers UFC, est certes nettement révolu, et le cocktail lutte-jiu jitsu brésilien-boxe thaï est un passage obligé dont presque tous les athlètes, même parmi les meilleurs, se contentent et ça leur réussit, mais on assiste encore à des styles sortis de nulle part qui devraient pas marcher et qui marchent (je pense à Machida et Cung Le par exemple mais surtout à Jon Jones, qui a une aura d'invincibilité que j'ai encore jamais vue mais qui sort des nouveautés presque a chaque combat, dont certaines qui vont vraiment, mais vraiment pas dans le sens de ce qui DEVRAIT marcher), et à mon sens c'est ça qui fait qu'on peut encore être émerveillé même quand on a vu un nombre conséquent de combats.

La parenthèse relou étant fermée, je rappelle juste qu'heureusement qu'Amoussou fait le travail qu'il fait, et que les fans français lui devront beaucoup quand entre son association et ses arguments pertinents le free-fight sera enfin autorisé sur l'hexagone, et que des compétiteurs d'un bon niveau (et de nombreux spectateurs, forcément) pourront en profiter.

mardi 8 novembre 2011

Citation du mois: octobre 2011 (oui, très en retard)


"Votre adversaire, vous le respectez alors vous le frappez!"
Fabrice Fourment

The not ultimate guide to the TUF 14 semifinals


Après un beau début pour cette saison 14 de The Ultimate Fighter où Bisping a spectaculairement gagné en maturité depuis son combat contre Jorge Rivera, et même depuis la dernière saison où il était coach face à Dan Henderson (non seulement il ne s'énerve pas tout seul, mais il est plutôt patient face aux provocations pas toujours très fines de Miller), voilà mes tentatives de pronostics pour les demi-finales. Si vous voulez gagner des sous en pariant et que vous avez suivi mes pronostics de la saison dernière, vous savez déjà qu'il faut parier le contraire de ce que je vais mettre.

Poids coq

TJ Dillashaw (Team Bisping) contre Dustin Pague (Team Miller)

Le TJ Dillashaw à la garde (TRES) basse et au cardio suspect qui devait sa victoire en 8èmes à sa force de frappe abusée en ground'n'pound s'est transformé avec l'entraînement de la Team Bisping en monstre enragé auquel Roland Delorme pourtant motivé n'a pu que laborieusement tenter d'échapper pendant leurs 10 minutes de combat. ça ne devrait pas effrayer Dustin Pague qui a eu un combat serré en 8ème et qui vient de faire taper le favori de Bisping, mais je pense que Dillashaw l'emportera quand même à peu de choses près.

John Dodson (Team Miller) contre Johnny Bedford (Team Miller)

Dodson a été le premier sélectionné de la Team Miller. Ses pieds partent vite même au visage, ses crochets font mal quand ils touchent (en même temps, c'est des crochets), mais il donne l'impression de prendre la compétition de haut et on l'a vu un peu essouflé sur la fin en quarts de finale. Bedford de son côté est plus à l'aise au sol (et ses projections sont impressionnantes) mais son pieds-poings est très honorable, et surtout son agressivité constante rappelle celle de Ramsey Nijem, finaliste de la saison 13. Vu qu'il ne peut pas encadrer son co-équipier (pas assez co-équipier à son goût, justement), il va être encore plus agressif si c'est possible, et même s'il ne s'avère pas supérieur à son adversaire il l'aura à l'usure.

Poids plumes

Akira Corassani (Team Bisping) contre Dennis Bermudez (Team Miller)

Corassani est bon, c'est indéniable, mais il a quand même l'air de se surestimer un peu. Il a été touché au début de son premier combat, et a tapé (mais l'arbitre n'est pas intervenu à temps) lors du 2ème (ce qui ne l'a pas empêché d'en rajouter à la fin...). Bermudez, choix numéro 1 de Miller malgré un premier round passé en enfer en 8èmes, a par 2 fois fait son job, au 2ème round : son adversaire, aplati sur le ventre, s'est fait étrangler et a abandonné. Il n'y a pas de raisons de croire que le sort de Corassani sera différent.

Diego Brandao (Team Bisping) contre Bryan Caraway (Team Miller)

Les 3 adversaires potentiels de Brandao (choix n°1 de Bisping) étaient tous très motivés pour ne surtout pas l'affronter. Caraway l'a d'ailleurs magnifiquement formulé en disant qu'il voulait se battre contre lui... en finale (mais non, ce n'est pas passé comme une altruiste tentative de réserver au public le meilleur pour la fin). Le Brésilien est en effet de loin le qualifié le plus rapide, avec 2 victoires éclair sur crochet dans la gueule. Pourtant, les autres demi-finalistes sont bons aussi (puisqu'ils sont là!), et il faut se rappeler qu'on ne sait pas ce que vaut Brandao en clinch, on ne sait pas ce que vaut Brandao au sol (ni au dessus ni sur le dos), on ne sait pas ce que vaut Brandao quand il prend des coups... on ne sait même pas ce que vaut Brandao après une minute de combat! Et Caraway est excellent en projection, et bon au sol. Mais, à la tête qu'il faisait quand on lui a annoncé le quart de finale, c'était très clair qu'il avait la trouille. On dit qu'en voiture, regarder l'obstacle qu'on eut éviter c'est le meilleur moyen de se le prendre. De la même façon, ça paraît difficile de passer un barrage de crochets quand on a décidé qu'ils étaient la chose la plus terrifiante au monde (même si ce n'est pas tout à fait faux). Mon pronostic : défaite de Caraway par diarrhée.

jeudi 29 septembre 2011

Citation du mois : septembre 2011


"Au moment de prendre une décision la meilleure chose à faire est de faire ce qu'il faut, l'autre est de faire ce qu'il ne fallait pas faire, et la pire est de ne rien faire."
Theodore Roosevelt

Non, pas les enfants! Noooon!!!


Quand on veut scandaliser, rien de plus efficace que de montrer la souffrance des enfants. En général, c'est plutôt pour la bonne cause : ce serait une drôle d'idée de reprocher aux associations caritatives de montrer des enfants subissant la malnutrition pour inciter aux dons, ou à Serge Klarsfeld de s'être contenté, lors de sa plaidoire, de lire les dernières lettres des enfants d'Izieu pour convaincre le jury de la nécessité de condamner Klaus Barbie.

Le problème, c'est que quand on est trop ému, on ne réfléchit pas beaucoup. Et c'est ce qui s'est passé la semaine dernière avec les "images chocs" d'enfants s'affrontant dans une cage en Angleterre : les articles sur le sujet semblaient pousser comme des champignons, y compris au Royaume-Uni. Deux thèmes en particulier sont récurrents : l'absence de protections, et le fait que les spectateurs adultes (le Daily Mirror -cité par liberation.fr-, tout en nuances, parle d' "amateurs de combats avinés") aient payés (presque 30 Euros quand même) pour voir cet affrontement.

Oui, sauf que comme on peut le voir sur une des vidéos de YouTube ( http://www.youtube.com/watch?v=pY5wm2d6mjI&noredirect=1 ), il n'y a pas de coups échangés, n'en déplaise à TF1 qui parle d'"enfants enfermés dans une cage pour un combat à mains nues". La plupart des articles parlent de "cage fighting", ce qui si on prend les termes mot à mots est vrai (c'est un combat, qui a lieu dans une cage), mais Cage Fighting désigne habituellement le free-fight, où les coups sont portés à fond. Il y a donc de quoi sauter au plafond en voyant, sous un tel titre, une photo de deux gamins qui ne portent même pas de gants (les gants sont obligatoires même pour les adultes, depuis près de 15 ans), alors qu'il s'agit en fait d'un combat de grappling, qui ne nécessite aucune protection sinon une coquille (qui était probablement portée) et, mais c'est facultatif, un truc à mettre sur les oreilles à l'entraînement pour éviter de finir comme Nogueira ou Sakuraba.

Et si les "amateurs de combats avinés" (je fais une confiance aveugle au Daily Mirror qui a forcément fait passer un alcootest à tout le monde) ont effectivement payé 30 Euros, c'était surtout pour voir les autres combats de la fightcard, qui opposaient des adultes. Dire que les spectateurs ont payé pour voir ces pauvres enfants s'entre-arracher la gorge avec les dents, ça revient à peu près à dire que les spectateurs d'un concert ont payé pour voir l'artiste qui passe en première partie...

Autre élément qui alimente le scandale : le combat a continué, après examen d'un soigneur, alors que l'un des enfants pleurait. Mais, comme on peut l'entendre sur la très courte vidéo YouTube, et comme TF1 aurait pu le constater si la reporter avait écouté les "hurlements des commentateurs" qu'elle dénonçait avec subtilité, les commentateurs officiels de l'event eux-mêmes ont trouvé que ce n'était pas normal. Mais bien sûr, ça ne vaudrait pas la peine de compliquer les choses en n'étant pas manichéen.

Il n'y a donc pas grand chose de plus scandaleux que toute compétition enfants de lutte ou de judo où, après tout, des adultes payent pour voir des combats entre enfants. On peut, bien sûr, toujours se poser des questions. Le combat de grappling a duré 10 minutes, ce qui est long et demande une préparation physique conséquente. L'enfant qui pleurait, s'il n'a pas nécessairement subi de contrainte directe, s'est senti obligé de continuer. Cela pose la même question que pour n'importe quel autre sport : le sport de haut niveau est-il vraiment compatible avec un développement physique et psychologique satisfaisant de l'enfant? Un autre problème, plus spécifique à ce combat en particulier, est que les techniques de grappling sont redoutables : un enfant si jeune a-t-il le recul suffisant pour disposer de la capacité de casser un bras, d'étrangler jusqu'à évanouissement? Est-ce qu'il ne risque pas de blesser gravement un autre enfant lors d'une bagarre? Mais bon, la personne qui trouve un article ou une vidéo de presse qui pose ces questions là a gagné un verre d'eau, toute mon estime et un Snickers.

Au passage, un remerciement à Gilles Klein pour sa revue de presse sur www.arretsurimages.net ,à laquelle je dois l'extraordinaire extrait de TF1 et quelques réactions de la presse britannique (dont des médecins, apparemment pas trop au courant du règlement, qui déplorent l'absence de casque). Je n'ai pas sous la main de photos d'enfants souffrant atrocement de désinformation, mais je vous conseille quand même l'abonnement au site.

dimanche 28 août 2011

Citation du mois : août 2011


«Coopman a dit avant le combat qu'il ne connaissait pas les limites de son niveau. Il est en train de les découvrir.»

Commentaire du combat Mohammed Ali/Jean-Pierre Coopman

lundi 25 juillet 2011

Shoji VS Stiebling au Pride 25... et les commentaires officiels


Le duo Bas Rutten/Stephen Quadros doit cruellement manquer à de nombreux fans de MMA, leur humour et les détails techniques de l'excellent combattant qu'était Bas Rutten ayant embelli les Pride pendant des années. On peut peut-être leur faire un petit reproche... Rutten avait pas mal d'amis pendant les combattants du Pride, et en entraînait certains. Personne n'oserait lui reprocher, mais des fois son favoritisme se ressentait un peu, limite un peu trop, dans les commentaires du duo. Un petit extrait des commentaires de la guerre qui a opposé Shoji à Stiebling au Pride 25, où on ne pouvait pas ne pas savoir que Bas Rutten était proche de Stiebling. Le combat s'est terminé sur décision partagée pour Shoji, donc aurait probablement fini en match nul si les matches nuls existaient au Pride.


Comment faire durer le plaisir quand il y a un mouvement...

«C'était un coup au corps, ce soir au Yokohama Arena. Alex Stiebling a porté un uppercut au corps. Tu as vu ce coup au corps, Bas?»


Comment faire preuve d'un favoritisme discret:

«Je n'ai jamais vu Stiebling aussi impressionnant.» (après moins d'une minute de combat, sans échange significatif)

«Une feinte de crochet suivie d'un low kick, qu'est-ce que c'est impressionnant, hein Bas?»


Comment juger le travail de l'arbitre avec la bonne foi de Thierry Roland:

«L'arbitre devrait les relever, Shoji n'a pas fait grand chose de significatif.» (après plusieurs minutes où Shoji changeait constamment de position, a tenté de nombreuses frappes différentes et en a porté une partie»


Idem pour les juges:

«Shoji n'a pas fait un round extraordinaire, il n'a tenté aucune soumission.» (ce qui est honteux contre quelqu'un que, rappelons-le, ni Allan Goes ni Wallid Ismail, qui s'y connaissent un peu en grappling, n'ont réussi à faire taper)

«Shoji lui-même est très surpris.» (de la décision partagée en sa faveur-heureusement qu'on nous le dit, parce que ce n'est vraiment pas flagrant. A quand le stand de voyance?)

«Shoji n'a fait qu'un seul truc, au 2ème round, et c'est tout.» (donc le ground'n'pound pendant tout le 1er round, soit la moitié du combat, c'est «rien»... ah bon?)


Et quelques autres commentaires surprenants:

«Shoji devrait faire une projection, on ne peut pas boxer contre Stiebling, il va se faire mettre KO» (1 seconde avant que Stiebling ne tombe après avoir mangé un crochet)


«Shoji va taper, il va taper!» (sur une tentative d'étranglement de Stiebling où l'avant bras est sur le menton, et pas sur la gorge)


«Shoji ne pourra pas gagner sans un KO, c'est sûr.» (à une minute de la fin du combat, alors que Stiebling n'a nettement dominé que le 3ème round et la fin du 2ème, ce qui laisse quand même de la marge pour la décision)

jeudi 30 juin 2011

La minute Voici: Brett Rogers arrêté pour violence conjugale

Peut-être un peu trop désespéré de trouver un adversaire contre qui il pourrait l'emporter (il a subi 3 défaites avant la limite en 4 combats, alors qu'il était invaincu avant), Brett Rogers a comparu devant la justice pour agression. Saoul, il aurait étranglé et frappé son épouse, qui y a laissé une dent (ça aurait pu être pire contre un combattant pro de 120 kilos, mais ça montre qu'il s'agissait de vrais coups). Le Strikeforce, sans surprises (ce n'est pas une si grande perte), a mis fin à son contrat. S'il ne va pas en prison et qu'il est recruté par une autre organisation, on peut douter que les commentateurs martèleront comme avant qu'il changeait des pneus il n'y a pas si longtemps : la success story est devenue beaucoup moins belle.

Citation du mois : juillet 2011


"Abandonner, c'est facile."

Tito Ortiz

Résumé de l'UFC on Versus 4 : Kongo revient en force!


Suite à un souci de dernière minute (taux de testostérone trop élevé suite à un traitement médical), Nate Marquart, qui après une dégringolade dans le classement middleweight s'apprêtait à faire des dégâts dans la catégorie en dessous, est éjecté de la soirée... et de l'UFC. Le feu d'artifices promis par l'affrontement entre Kongo et Barry devient donc main event.


Matt Mitrione contre Christian Morecraft


Mitrione a beau ne pas sembler avoir de gros point fort et ne pas avoir l'air très malin, 4 combattants ont échoué à lui faire ravaler son protège-dents depuis la fin de sa saison d'Ultimate Fighter. Christian Morecraft, qui vient de l'emporter sur Sean McCorkle qui avait fait des débuts plutôt corrects à l'UFC, a une opportunité de corriger le tir. Pas impressionné par la présence de Ray Sefo dans le coin de son adversaire, il envoie directs et crochets à un rythme conséquent mais ne peut pas trop s'approcher car le contre menace, et l'intérieur de sa cuisse se fait saupoudrer de low kicks. Ledit contre finit par passer : un crochet envoie Morecraft sur les fesses au bout d'une minute. Il se remet bien, et termine le round sur le même ton, mais plus le temps passe plus il ralentit (ce qui est excusable, il attaque constamment), et plus il prend de coups, et se fait une belle frayeur sur la fin : il s'en sort en gagnant du temps sur une saisie qui lui permet de mettre Mitrione sur le dos.


Mitrione démarre le second round avec le sourire, et ça se comprend. N'arrivant toujours pas à vraiment toucher debout, et les low kicks intérieurs commençant à se faire sentir, Morecraft tente et passe, en insistant, une amenée au sol. L'arbitre les relève rapidement, et ce qui devait arriver arrive : sur un enchaînement un peu plus puissant que les autres, Mitrione étale Morecraft. Mitrione, qui avait plutôt une réputation (assumée) de tête de con dans Ultimate Fighter, a le fair-play de ne pas poursuivre son adversaire au sol après l'avoir mis KO, c'est rare et il faut le noter. Bien obligés aussi d'admettre qu'il est plus technique qu'il n'en a l'air, pour voir ses limites l'UFC va devoir le faire passer au niveau supérieur.


Rick Story contre Charlie Brenneman

Sur une série de 6 victoires consécutives, dont de loin la plus impressionnante il y a 3 semaines contre Thiago Alves, Story affronte Charlie Brenneman, inférieur sur le papier, et surtout qui a accepté le jour même de remplacer le bien plus prestigieux Nate Marquart. Autant dire qu'à priori on souhaite que Brenneman soit récompensé de son courage par un gros chèque, car l'argent s'annonce gagné à l'issue d'une très mauvaise soirée.

On peut pourtant vite constater que Brenneman n'est pas venu faire le sac de frappe : ses poings parlent peu mais bien, et Story est très ennuyé par son niveau en lutte. A la fin du 1er round, Rick Story a pris des coups debout et au sol, s'est fait passer en garde latérale, et n'a jamais vraiment paru dangereux. Au 2ème round, il tente une belle guillotine mais passe la grande majorité du temps sur le dos, ce qui, c'est de notoriété publique, est une très mauvaise idée pour gagner sur décision à l'UFC. En effet, malgré un excellent 3ème round où Brenneman ne peut que se défendre contre différentes clefs, il perd effectivement sur décision unanime. Rick Story, dans sa course rapide vers le titre, glisse sur une peau de banane (en short jaune, en plus) qui s'appelle Charlie Brenneman : combattre 3 semaines après un tête à tête d'un quart d'heure contre Thiago Alves, c'était peut-être un peu ambitieux. Ça a en tout cas donné un coup de pouce bien mérité à son adversaire.


Cheikh Kongo contre Patrick Barry

Les meilleurs low-kicks et middle-kicks de l'UFC sont face à face, le spectacle est garanti. Barry doit se racheter de sa défaite contre Cro Cop après un combat peut-être pas assez acharné, mais il aura fort à faire devant quelqu'un qui, s'il est moins redoutable qu'avant, l'avait emporté sur le kickboxeur croate. Le combat commence bien pour Kongo, son allonge supérieure lui permet de passer des low-kicks que Barry a la mauvaise idée d'oublier de bloquer... jusqu'à ce que l'Américain, alors que Kongo se rapproche parce que son dos était trop près de la cage, envoie un crochet fulgurant qui pulvérise avec une précision impressionnante la tempe de son adversaire. Kongo reste mobile et fait des mouvements d'esquive mais prend la plupart des coups qui suivent, qui sont puissants. En se relevant, il prend un deuxième crochet, le frère jumeau du premier. Il s'écroule encore, mais l'arbitre n'arrête pas le combat. Alors que Barry s'avance pour en finir, c'est lui qui prend un crochet, puis un autre, mais lui ne se relèvera qu'un certain temps après... Un combat magnifique, et à l'image de la carrière récente de Cheick Kongo : il dominait la catégorie, a subi deux grosses défaites à la suite, et sa remontée (plutôt inattendue puisque -comme la plupart des gens- il ne rajeunit pas) semble maintenant bien engagée. L'arbitre a aussi du mérite, en prenant la décision, qui ne s'imposait vraiment pas, de laisser le combat continuer même quand Kongo a été durement touché la deuxième fois. La suite lui a donné raison : le combat n'était pas fini!

mardi 21 juin 2011

Résumé du StrikeforceGP épisode 2 : une "finale prématurée" décevante


Après une longue absence due non pas au bac mais aux partiels (compassion au passage pour ceux qui ont du passer 4 heures à se demander si on pouvait prouver une hypothèse scientifique), me revoilà pour la suite attendue depuis maintenant un certain temps du tournoi poids lourds du Strikeforce : qui rejoindra Antonio Silva et Kharitonov en quarts de finales?


Chad Griggs VS Valentijn Overeem


Le frère d'un des gros favoris du tournoi va avoir fort à faire, avec son nombre de défaites presque aussi élevé que le nombre de victoires, pour ne pas être le 11ème combattant à succomber avant la limite à Chad Griggs.

Au bout d'une minute, Griggs passe une belle projection et arrive en demi-garde. Après une tentative de kimura sans enthousiasme, il lâche et frappe – fort. Overeem abandonne officieusement en tournant le dos, puis officiellement en tapant. Si personne ne niera le niveau de l'Américain, espérons que le cadet Overeem offrira une meilleure performance plus tard dans la soirée.


Daniel Cormier VS Jeff Monson


L'histoire ne dit pas si Jeff Monson, ancien champion d'Abu Dhabi mais aussi anarchiste (il a déjà été condamné pour des tags) préférerait affronter la police en Espagne plutôt que Daniel Cormier. Son grappling devrait en tout cas être mis à l'épreuve face à un lutteur olympique, invaincu en free-fight.

Dès les premières secondes, Cormier montre d'ailleurs qu'il ne lui vient pas à l'idée qu'il pourrait être mis sur le dos, en balançant un high kick. Le round se passera en effet debout. Le style prudent de Cormier lui permet de toucher régulièrement, de plus en plus fort, laissant en particulier deux grosses coupures à Monson sur des coups de coude en clinch. Au deuxième round, le lutteur accélère mais perd en précision. Quand il prend son temps, Monson se transforme en sac de frappe, même si rien de décisif ne touche. Même si une ou deux fois ça ne passe pas loin, Cormier ne parvient pas à endormir le Marchand de sable, qui tente, en désespoir de cause, quelques amenées aux sol vraiment pas crédibles au 3ème round. Une décision sans surprise en faveur de Daniel Cormier, qui a fait l'inventaire d'un arsenal pieds-poings plutôt complet.


KJ Noons VS Jorge Masvidal


Masvidal affronte l'ancien champion poids léger, avec dans son viseur une chance pour le titre contre le champion actuel, Gilbert Melendez. Noons a du mal à s'approcher, jusqu'à ce que Masvidal lui donne l'occasion de passer deux coups de genou, en tentant puis en réussissant une amenée au sol. Après un moment d'immobilité, Noons se relève facilement. Si la domination du round par Masvidal tient surtout à ses jabs (malgré une belle ouverture au front sur un coup de genou vite parti), le combat change radicalement de ton à 30 secondes de la fin sur un high kick : pas assez de dégâts pour porter le coup de grâce en si peu de temps, mais Noons va devoir changer de stratégie très très vite, et surtout bien lever sa garde s'il a encore l'intention de passer des crochets au corps.

Contre toute attente, Noons boxe mieux au début du 2ème round (son entraineur saura quoi faire la prochaine fois...). Mais ça ne dure pas longtemps : une amenée au sol plus tard, Masvidal entreprend de lui couper la tête en deux avec ses coudes. De retour debout, c'est encore Masvidal qui a l'avantage en boxe. Et s'il finit le round sur le dos suite à un échange maladroit en lutte, c'est plus le sang que les coups de son adversaire qui lui tombent dessus. Si la prudence interdit pour l'instant de prédire l'issue du combat, on sait déjà, en voyant le visage de Noons qui ressemble de plus en plus à celui d'Elephant Man, que le pharmacien le plus proche va faire fortune en vente d'aspirines. Masvidal commençant à sentir la fatigue, le dernier round est moins spectaculaire, mais rien de ce qui s'y passe ne peut justifier de renverser la décision en faveur de Noons.


Josh Barnett contre Brett Rogers


Si le combat entre Werdum et Overeem est souvent évoqué comme un combat entre frappeur et grappler, c'est en fait plus le cas pour celui-ci: Barnett est réputé pour ses projections spectaculaires et, entre autres, ses clefs de cheville, alors que les directs lourds de Rogers sont pour beaucoup dans son ascension éclair. Et les deux combattants ont de mauvais souvenirs à faire oublier à leur public : Barnett, contrôlé positif aux stéroïdes (pas pour la première fois), avait fait par un effet de dominos tout l'event où il devait affronter Fedor. Moins grave, mais décevant, Rogers vient de subir une défaite éclair contre Overeem dans un combat où sa stratégie semblait surtout consister à prier.


Malgré la tentative de Rogers de s'accrocher au sommet de la cage, il ne lui faut que 40 secondes pour se retrouver sur le dos, passé en garde latérale. Barnett a tout son temps et le prend, passe tranquillement à cheval en laissant son adversaire se débattre et se fatiguer. C'est le gong qui libérera Rogers, qui aura encaissé quelques coups mais pas trop, alors que Barnett était très très prudent (limite paresseux) sur les tentatives de clef.


Surprise, Rogers, dont les jabs étaient en effet un peu lents, mange un crochet au début du deuxième round et a l'idée, aussi mauvaise qu'inattendue, de tenter une projection : le revoilà sur le dos, cette fois en 20 secondes, avec Barnett à cheval sur lui et après avoir pris un coup. Une erreur technique plus tard, Rogers tape sur un étranglement (triangle avec les bras) et subit sa troisième défaite consécutive, continuant d'égratigner sa belle success story (les commentateurs ne se lassent pas de rappeler qu'il était payé pour changer des pneus il n'y a pas si longtemps) qui si elle reste admirable ne tient plus vraiment du compte de fées.


Barnett rejoint brillamment Kharitonov pour un gros test, qui sera sûrement une autre opposition frappeur contre grappler.


Alistair Overeem contre Fabrizio Werdum


Werdum a battu Overeem au Pride il y a 5 ans. Depuis, Overeem terrifie tout le monde avec ses frappes, avec lesquelles il fait de gros dégâts même au K-1, et a beaucoup travaillé son grappling. Werdum, de son côté, a battu Fedor... en moins de 2 minutes. C'est sur le papier, et de loin, le plus relevé des quarts de finale, très largement digne d'une finale. On peut presque parler de dream fight, puisqu'on a le champion K-1 (et champion en titre du Strikeforce) contre le champion ADCC de sa catégorie.


Werdum, s'il tente assez tôt d'aller au sol, ne semble pas si intimidé debout et passe même le premier coup de genou. Après une tentative ratée, il fait signe en rigolant à Overeem de le suivre... sans surprises, le Hollandais décline l'invitation. Les tentatives (très) répétées finissent par payer : quelques low kicks passés et un coup de genou au corps encaissé plus tard, le Brésilien parvient cette fois-ci à saisir son adversaire (dans une butterfly guard qui s'annonce difficile à garder longtemps...) quand il se laisse tomber sur le dos. Ça dure au moins une demi-seconde, avant de repartir debout. La seconde amenée au sol, du même genre, montre qu'Overeem a l'air d'avoir beaucoup travaillé les sorties de garde pour se relever. Werdum n'aura droit qu'à 10 secondes de sol sur la fin. S'il a été un peu relou à se mettre tout seul sur le dos à répétition, le round devrait quand même lui revenir : il a beaucoup plus touché, en particulier en low-kicks, Overeem traîne pour se décider à boxer vraiment.


Plus d'action au 2ème round, mais là encore c'est Werdum qui touche le plus, même s'il prend un gros coup de genou au corps. Overeem confirme qu'il sait bien se relever quand il parvient, tombé sur le dos, à empêcher son adversaire de verrouiller sa position. Après un clinch qui s'est mal passé pour lui, et une énième fois où Werdum s'est mis tout seul sur le dos mais a semblé vraiment fatigué au moment de se relever, le Hollandais commence à sortir les crochets, et cogne fort. Il a d'ailleurs l'air d'estimer qu'il a fait des dégâts, ou que Werdum est vraiment épuisé, puisqu'il l'accompagne au sol peu après. Difficile de désigner un vainqueur à ce round, mais la balance devrait plutôt pencher en faveur d'Overeem qui a passé des gros coups (crochets et genoux). La suite ne s'annonce pas vraiment bien pour le Brésilien qui, épuisé, a l'air d'être au moins au 20ème round, et qui au sol est bien moins décisif que contre Fedor.


Les directs de Werdum passent plus souvent au 3ème round, et Overeem passe plus de temps au sol mais sans paraître être en danger. Le round se termine sur une tentative de clef de genou qu'il faut beaucoup d'imagination pour trouver dangereuse. Si les frappes de Werdum n'ont pas fait beaucoup de dégâts, c'est quand même lui qui a le plus touché sur l'ensemble du combat. Il doit toutefois espérer que sa fatigue apparente et ses roulades presque constantes n'ont pas paru trop suspectes aux juges. Mais c'est le cas, et Antonio Silva est rejoint par un Alistair Overeem qui n'a pas vraiment mérité sa victoire.

jeudi 2 juin 2011

Citation du mois : juin 2011


"Les excuses, c'est comme un cul, on en a tous un."
Proverbe (brésilien?) rapporté par Norman Paraisy dans un interview accordée à ikusa.fr

dimanche 15 mai 2011

TUF 13 : première partie

Examens universitaires approchant, les posts se sont espacés sur le blog et ça va continuer au moins jusqu'à mi-juin. Je n'ai donc rien écrit ici sur le front kick sauté cinématographique qui a (en théorie) mis fin à la carrière de Couture dans l'octogone (à même pas 48 ans... petit joueur), ni sur la nouvelle défense de titre de GSP qui fait le vraiment le ménage, faute de faire le spectacle, dans la catégorie welterweight. Je vais quand même écrire quelques lignes sur la première partie de la saison d'Ultimate Fighter en cours, saison gâchée tout récemment par l'annonce de la rechute de Brock Lesnar dans la maladie qui avait mis sa carrière en danger récemment : Lesnar et Dos Santos se sont affrontés en football américain, mais c'est Shane Carwin qui fera face au "coach" brésilien pour une chance de prendre la ceinture à Cain Velasquez. Coup de chance pour les quarts de finale : chaque équipe a encore 4 combattants en lice.

Clay Harvison (Team Lesnar) contre Ramsey Nijem (Team Dos Santos)

Harvison a montré contre Mick Bowman à quel point son niveau était solide en pieds-poings, et a aussi fait preuve d'un mental sans défauts en remportant le combat avec, sur la fin, un doigt déboité (en bloquant mal un middle-kick). Restent deux interrogations : qu'est-ce qu'il vaut en lutte et au sol, et est-ce qu'il aura pu se préparer correctement avec une blessure, récente en plus, si handicapante? Son adversaire est l'une des personnalités les moins discrètes de la saison : inventeur du strip-billard (il semble avoir perdu la partie très vite!), on a aussi pu le voir demander avec insistance à Shamar Bailey de lui étaler de la crème dans le dos, sans parler de ses ongles de pieds vernis (en rose à paillettes) la plupart du temps (moment collector : la tête de Brock Lesnar, quand il s'en est aperçu à la pesée). Mais ce frère caché de Brüno se transforme en pitbull à la seconde où il pose les pieds (décorés) dans l'octogone : la détermination qui se lit dans son regarde se confirme à l'instant où il saisit son adversaire... à moins d'une intervention de l'arbitre, un pied-de-biche semble nécessaire pour le faire lâcher. C'est cette détermination qui lui a permis d'écraser Charlie Rader, qui a préféré se faire pourrir par Lesnar après le combat que retrouver sa combativité et faire face, c'est dire si Ramsey Nijem peut être effrayant quand il ne fait pas le clown!
ça parait impossible de voir Harvison pris en défaut au niveau de la détermination, mais sa blessure, et à mon avis son infériorité en lutte, devraient permettre à Nijem de se hisser en demi-finale.

Chris Cope (Team Lesnar) contre Shamar Bailey (Team Dos Santos)

Une surprise peut toujours arriver, mais ce combat semble être de loin le plus facile à pronostiquer. 6ème choix sur 7 de Brock Lesnar, Cope a eu besoin d'un extra-round pour remporter son 8ème de finale, qui était d'ailleurs soporifique. Aucun doute à avoir sur son cardio, mais quand on voit comment Bailey (choix n°1 de Dos Santos, et ça semble justifié) faisait ce qu'il voulait de son adversaire (sauf gagner avant la limite, paraît-il pour ne pas montrer aux autres l'étendue de ses techniques... on va bientôt savoir si c'était vrai), on se dit que ça ne va pas suffire. Et comme si ça ne suffisait pas, le pasteur raciste (très perturbé par la nationalité allemande dont son adversaire précédent était si fier) a envie depuis un moment de défoncer la gueule de Cope, qui a l'habitude originale de pousser des cris pour se défouler, en particulier le matin.

Chuck O'Neil (Team Lesnar) contre Zack Davis (Team Dos Santos)

Dana White m'agace vraiment sur ce coup là, parce que je n'aime pas les revanches, et si le 8ème de finales était spectaculaire (Zach Davis avait gagné au 1er round sur un beau triangle), le résultat était très clair (triangle au 1er round, on est d'accord pour dire que c'est clair quand même, non?). O'Neil revient en tout cas de loin, vu qu'il est arrivé en tant que remplaçant, puis qu'il a été repêché à la Wild Card. S'il gagne cette revanche, qui n'a pas besoin de dépasser l'intensité du 1er match pour être une guerre, on pourra vraiment dire qu'il a gagné sa place en demi-finale à la sueur de son front.

Tony Ferguson (Team Lesnar) contre Ryan McGillivray (Team Dos Santos)

Auteur du seul KO des 8èmes de finales, le combat n'était pourtant vraiment pas à l'avantage de Ferguson quand il a envoyé, alors qu'il était sur le dos, son talon sur la tempe de Justin Edwards, et avec ce talon 90 jours de suspension qui l'ont privé de la Wild Card. Ryan McGillivray, qui a éliminé dès le 1er tour sur décision serrée le favori de Brock Lesnar pourtant en forme, ne devrait pas se laisser avoir comme ça, et trouvera probablement le quart de finale plus facile que le 8ème.

On sera en partie renseignés dans la nuit de mercredi à jeudi, mais pour moi 3 combattants en particulier se dégagent dans cette saison : Ramsey Nijem, Ryan McGillivray et Shamar Bailey. Bailey, même s'il faut à mon avis s'attendre à le voir faire du lay'n'pray jusqu'à la fin, me semble être un cran au dessus des autres. Et s'il l'emporte, j'espère que Dana White le mettra rapidement contre Martin Kampann histoire qu'il se prenne une raclée, ça lui apprendra à faire des combats chiants et surtout à dire des conneries sur les Européens.

Citation du mois


"Quand on a la tête en forme de marteau, on voit tous les problèmes sous forme de clous."
Albert Einstein

vendredi 8 avril 2011

Combats historiques n°1 : Daiju Takase VS Emmanuel Yarbrough (24/06/1998)


Au Pride 3, succédant à un combat très engagé, ayant débouché sur une égalité, entre Akira Shoji et Daijiro Matsui ayant déjà assuré leur grande popularité, deux combattants se sont affrontés malgré une différence de poids de près de 200 kilos (180 kilos environ d'après les pesées officielles, l'Américain pesant 600 livres et le Japonais 209), à ma connaissance la plus importante de l'histoire du free-fight. Pour situer un peu, 200 kilos, c'est plus que le poids de Bob Sapp ! Si «The Beast» n'était pas encore occupé à faire du football américain à l'époque, on aurait donc pu dire qu'il y avait plus d'un Bob Sapp de différence de poids.

Yarbrough vient, comme son poids le laisse supposer, du sumo. Il a pourtant déjà laissé une trace dans les mémoires à l'UFC 3 contre Keith Hackney, non pas par une performance exceptionnelle (il s'est fait mettre KO en 2 minutes), mais en ouvrant, avec son poids et celui de son adversaire, la porte du fameux octogone en plein combat. Lors de la présentation de l'UFC 4, l'accent a d'ailleurs été lourdement mis sur les portes nouvellement renforcées.

Takase, lui, livre (en tout cas d'après sherdog) son premier combat... on peut légitimement parler de baptême du feu!

Mais le gong sonne et... le public peut commencer à s'ennuyer. Takase tourne (parfois en courant) autour de Yarbrough, stratégie pertinente mais qui n'est pas non plus très fructueuse, puisque le moindre direct de Yarbrough le convainc de reculer. La prudence l'obligeant à donner une grande priorité à la défense plutôt qu'à l'attaque, il ratera sa cible pourtant massive lors de ses rares tentatives de frappe (les laveurs de carreau de La Tour Montparnasse Infernale auraient fait remarquer qu'il raterait une vache dans un boudoir). L'Américain, lui, s'approche mais lentement (laissant largement à son adversaire le temps de tourner... il le fera même, une fois, pour une raison inconnue, en faisant une roulade, ou encore son protège-dents à la main!), et quand il n'envoie pas ses directs pas très fulgurants (soit la plupart du temps), reste les bras le long du corps. Lorsque le round se termine, Takase n'aura passé en tout et pour tout que 4 ou 5 low kicks, laissant largement le temps à Stephen Quadros et Bas Rutten de faire un certain nombre de blagues sur le poids de Yarbrough.

Le deuxième round démarre de façon explosive : Yarbrough tente de saisir son adversaire! Celui-ci se dégage, fin de l'explosion, le round continue comme le premier, Takase étant même encore plus prudent après ce début de round qui, convenons-en, ne devait pas être rassurant. Le manque d'action contraint l'arbitre à sortir un carton jaune qui revient au Japonais, l'Américain ayant été bien plus actif qu'au premier round (pas dans la mesure où il attaquait plus, ou qu'il avait moins les bras le long du corps, mais dans la mesure où il avançait continuellement, au lieu de passer une bonne partie du temps à attendre comme au round précédent). L'effet sur Takase est radical : il fait une plongée qui semble suicidaire dans les jambes de Yarbough, et saisit un mollet qui doit faire à peu près son tour de poitrine. Le sumo, qui étant un sumo doit avoir l'habitude de se faire saisir, n'a qu'à se laisser tomber en avant pour contraindre son adversaire, qui se redresse d'urgence pour ne pas être plié en deux, à lâcher. Takase, pendant que les commentateurs paniquent, parvient à se rasseoir, à dégager une jambe, puis l'autre, en passant quelques coups, alors que Yarbrough reste à plat ventre. Il n'a qu'à envoyer quelques frappes supplémentaires sur un adversaire qui ne se relève pas pour le faire taper, obtenant, chose encore plus inattendue à la fin du premier round qu'au début du combat, une victoire avant la limite. C'était incroyable, ça tenait du film ou de la bande dessinée, mais qu'est-ce que c'était chiant!

Yarbrough ne fera plus d'étincelles dans le monde du free-fight. On pourra tout de même voir son sosie affronter le personnage principal dans le manga Tough (dans une version dopée aux super-stéroïdes, rapide et explosif, la graisse presque entièrement remplacée par des muscles), ou encore l'entrevoir en pyromane gay dans les dernières saisons de Oz. Quand à Takase, contrairement à par exemple Shoji pour son match nul contre Renzo Gracie ou Otsuka pour sa victoire par forfait sur un Marco Ruas qui avait 40 de fièvre et qui l'avait quand même tabassé au 1er round, cette victoire marquante ne lui garantira pas une longue carrière au Pride. Son palmarès très moyen (9 victoires 13 défaites 2 nuls, et son dernier combat datant de 2010 rien ne dit qu'on ne le reverra pas) ne fait pas justice à son niveau, puisque parmi ses victoires, en plus de celle-ci, il y en a une sur étranglement en triangle contre... un certain Anderson Silva. Et, quoi qu'on en dise, ces combattants auront battu un record (même pour Royce Gracie contre Akebono, la différence de poids était moins importante), en plus d'être sans doute, derrière le fameux Antonio Inoki/Mohammed Ali, le combat soporifique le plus mémorable.

mercredi 6 avril 2011

Un peu de pub

Un peu de pub pour un autre blog francophone de free-fight, tout neuf, http://mixedmartialartsfrance.blogspot.com/ , avec pas mal de vidéos, dont le splendide twister de Chan Sung Jung au Fight Night 24

dimanche 3 avril 2011

Citation du mois


"L'entraînement ne se terminera que lorsque j'aurai vu du sang sur le plancher."
Adriano "Sonny" Emperado, cofondateur du kajukenbo

Résumé de l'UFC 24:Mr. Wonderful still wonderful!


Un main event qui voit, dans les deux combats principaux, une nouvelle star s'élever sans conteste possible vers le haut de la catégorie, au détriment d'une star plus ancienne.

Alex Caceres contre Mackens Semerzier

Mackens Semerzier a une bonne occasion de se faire un nom, en affronter Alex « Bruce Leroy » Caceres, surtout connu pour son comportement peu discret dans la dernière saison de TUF, mais dont le niveau avait agréablement surpris contre Michael Johnson. 1 minute suffit à Semerzier pour passer un takedown, Caceres se débrouille bien, ne passe pas son triangle mais parvient à se relever contre la cage. Sur une nouvelle amenée au sol, Semerzier atterrit à cheval. Après quelques coups, il prend le dos et, malgré de bonnes tentatives de sortie de Caceres, finit par passer à la perfection un étranglement arrière, mettant fin à sa série de 3 défaites consécutives au WEC. Bienvenu à l'UFC, Monsieur Semerzier!

Leonard Garcia contre Chan Sung Jung

Nam Phan, blessé, est privé de l'occasion de montré officiellement qu'il est plus fort que Leonard Garcia, après la décision «étrange» de leur dernier combat. Chan Jung Sung, prévenu peu de temps avant, accepte le challenge et saisit l'opportunité de mettre les juges d'accord, après la décision partagée (en faveur de Garcia) qui avait clôt ce combat un an auparavant. Poings et pieds partent, à un rythme correct mais qu'on attendait plus soutenu, pendant une grande partie du premier round, sans que personne ne parvienne à prendre l'avantage ni à faire de dégâts significatifs. Les choses changent quand le «zombie coréen» passe une amenée au sol, atterrissant, c'est original, en nord/sud. Rien d'alarment quand Garcia se sort sans trop de mal d'une clef de bras, plus alarmant quand, en tentant de se relever, il prend deux coups de genou avant d'être posé à nouveau sur le dos et que Chan Sung Jung le frappe contre la cage, avec de l'amplitude, pendant le peu de temps qui reste, l'empêche encore de se relever en prenant le dos et frappe jusqu'à ce que le gong sonne, ôtant toute ambiguïté sur le vainqueur du round... et sur la différence de niveau au sol.

Les échanges debout, bien plus spectaculaires mais toujours aussi serrés, continuent au 2ème round. C'est d'ailleurs sur un middle kick (en contrant un high kick!) que Chan Jung Sung met Garcia sur le dos, une minute seulement avant la fin. Garcia prend de gros coups et a la drôle d'idée de donner son dos, position verrouillée instantanément par le Coréen, qui confirme que sa domination écrasante au sol au round précédent n'était pas un accident. On croit malgré tout Garcia tiré d'affaire quand il sort un peu facilement une jambe : l'étranglement arrière est déjà facile à défendre, alors en 20 secondes et avec une mauvaise position... sauf que quelques coups de coude plus tard, le zombie coréen fait comprendre qu'il s'était en fait mis, de lui-même, en bonne position... pour un twister. Cette clef de colonne vertébrale, aussi atroce qu'étrange (elle rappelle vraiment les pubs pour le jeu de société Twister!), que seul Eddie Bravo, son inventeur, semblait capable de passer à haut niveau, contraint Garcia à taper quelques secondes avant la fin du round, ouch! Une Submission of the Night qui devrait mériter d'être Submission of the Year. Et c'est le premier twister de l'histoire de l'UFC. Il y a de bonnes raisons de penser que les prochains adversaire de Chan Jung Sung ne donneront pas leur dos au sol!

Amir Sadollah contre Damarques Johnson

Johnson ne perd pas de temps, dans ce combat entre ces deux anciens de TUF dont la place dans la catégorie (welterweight) est difficile à définir. Poings en avant, il sonne instantanément Sadollah qui essaye quand même de contrer et de revenir, le fait glisser et atterrit en garde latérale. Le niveau au sol de Sadollah lui permet de se relever très vite. Un coup aux parties ralentit un peu Damarques Johnson, mais pas longtemps, il veut repartir de suite. L'effet de surprise passé, Sadollah se permet une démonstration de boxe thai, passant plusieurs attaques en avançant entre les coups de poings. Changement de stratégie de son adversaire, qui le projette. Rien d'extraordinaire ne s'y passe : Sadollah amortit les coups de Johnson, qui voit venir les tentatives de clef de Sadollah et finit par se relever de lui-même. Une occasion gentiment offerte à Sadollah de continuer, après une interruption, à rassurer sur sa supériorité debout, qui devient vraiment nette. Dernier terrain à explorer pour Johnson : le corps à corps. Et après quelques coups de genoux encaissés (mais moins que ce que l'on aurait pu attendre), il passe une splendide projection type judo. Sadollah se relève de suite et passe à son tour une projection (un double leg ultra classique, bien moins spectaculaire), mais ne profite pas beaucoup, à l'exception d'un superbe coup de poing depuis la position debout à quelques secondes de la fin du round, du fait que son adversaire, pour la première fois du combat, soit sur le dos.

Poings, front kicks et tibias de Sadollah volent à nouveau quand le gong sonne pour le 2ème round, ignorant les poings de Johnson qui parvient quand même à passer un genou au corps, sans empêcher son adversaire de le mettre dos à la cage. C'est le genou de Sadollah, sur une tête tenue fermement, qui va être décisif pour le combat. L'esprit guerrier de Johnson, qui lance ses poings en avant avec vitesse et puissance, fait que l'achever est loin d'être une formalité, mais le courage ne suffit pas. Sadollah prend son temps puis se permet même de reculer, comme s'il n'avait pas touché, et quand l'occasion se présente plaque son adversaire au sol, son ground'n'pound agressif le sape encore plus. Nouvelle projection, et des coups de coude au visage depuis la position à cheval mettent tout le monde d'accord pour arrêter un combat où personne n'a démérité.

Dan Hardy contre Anthony Johnson

Après un combat contre Georges Saint Pierre qui a surpris tout le monde (Georges Saint Pierre le premier!), en particulier avec son niveau sur le dos qu'on pouvait supposer inexistant, Dan Hardy a à nouveau créé la surprise au combat suivant, dans l'autre sens, en se faisant mettre KO par Carlos Condit, surpassé sur son propre point fort. Il a l'occasion de rassurer contre Anthony Johnson qui lui ressemble énormément (sauf physiquement!) : un bon niveau en lutte au service d'un pieds-poings destructeur. Hardy décevra pourtant encore dès le premier round : il évite le pire sur un high kick, mais se retrouve sur le dos. Et c'est au tour d'Anthony Johnson d'impressionner : ses poings matraquent, avec une cadence et une amplitude conséquentes, l'Anglais qui ne parvient pas à profiter du bon niveau sur le dos qu'il avait montré contre GSP pour passer des clefs. Johnson montrera par la suite qu'il a été plus impressionné que le public par le pieds-poings de Hardy (ou qu'il a été moins impressionné que le public par son niveau sur le dos!), en continuant sa stratégie de ground'n'pound sur l'ensemble du combat. Cerise sur le gâteau, il est à deux doigts de passer un étranglement latéral, puis une américana, sur la fin. Une décision unanime largement remportée, et un combat qui fait plaisir à voir au moment où ça semble de plus en plus impossible de trouver un adversaire potable à un certain Georges Saint Pierre.

Phil Davis contre Antonio Rogerio Nogueira

C'est extrêmement détendu que l'invaincu Mr Wonderful, remplaçant de Tito Ortiz, aborde le combat de loin le plus difficile de sa carrière, contre quelqu'un qu'il qualifie lui-même de légende. Et si les derniers combats de Rogerio «Minotoro» Nogueira (décision partagée douteuse contre Jason Brilz prévenu au dernier moment et défaite pas du tout douteuse contre Ryan Bader) ont été décevants, il suffit de regarder l'ensemble de son palmarès pour reconnaître que frère jumeau du grandissime «Minotauro», aussi partenaire d'entraînement de Ryoto Machida et Anderson Silva, doit être pris très au sérieux.

La décontraction de Davis semble justifiée dès le premier round, qu'il domine même si, contre toute attente, il domine en pieds-poings (pas son point fort, alors que le palmarès amateur en boxe de Rogerio Nogueira est très respectable), se permettant même des front-kicks au visage mais ne parvient pas à passer d'amenée au sol, malgré plusieurs tentatives différentes (double-leg très bas après attaques en haut, plus classiquement depuis le corps à corps, …). C'est seulement au deuxième round, 2 minutes avant la fin, qu'on verra «Little Nog» sur le dos. Très efficace pour maintenir Davis à distance, il prendra tout de même quelques coups, et surtout à aucun moment il ne le mettra en danger sur une tentative de clef. La fin du round sera particulièrement favorable à l'Américain qui envoie crochets puis coups de genou au corps à un adversaire recroquevillé contre la cage (bloqué là suite à une tentative pas trop réussie de se relever), attendant le gong pour se libérer.

Si le 3ème round est intéressant scientifiquement puisqu'on s'aperçoit que Phil Davis essouflé, ça existe (ça ne lui était jamais arrivé avant, malgré son volume musculaire et sa cadence incroyable), lui-même ne semble pas perturbé puisqu'il envoie entre autres front kick sauté (!) et high kick sur son prestigieux adversaire. Il passe ensuite, comme si c'était facile, le single-leg le plus classique du monde, et reprend son ground'n'pound laborieux, mais il a une excuse, c'est un ancien de la BBT (équipe, pour mémoire, d'Arona, Bustamante, Sperry, Belfort, …) en face. Rien d'autre de significatif ne se passera jusqu'à la fin du round. Phil Davis remporte (heureusement!) la décision unanime, et sans voir le détail des points on peut supposer qu'il n'a toujours perdu aucun round dans sa carrière à l'UFC. On attend toujours la personne qui pourra enlever le sourire de Mr. Wonderful, son short rose et sa plastique de bodybuildé.



mercredi 23 mars 2011

Résumé de l'UFC 128 : Fedor est mort (au figuré!), place à Jon Jones

Une fois n'est pas coutume, un UFC pauvre en victoires au 1er round et riche en spectacle a eu lieu samedi dernier, avec une fin largement à la hauteur du reste de l'event.

Edson Barboza contre Anthony Njokuani

Edson Barboza remporte une décision unanime et reste invaincu après 3 rounds d'un combat qui ressemblait tellement à du kickboxing que les rares amenées au sol prenaient surtout le public par surprise. Njokuani avait pourtant dominé, légèrement mais distinctement, en particulier avec ses frappes au corps, l'ensemble des échanges. L'incroyable coup de pied retourné au visage passé dans les dernières secondes a probablement influencé les juges. Il est en tout cas sûrement pour beaucoup pour le fait que le combat ait été nommé Fight of the Night, pas vraiment mérité d'après moi avec les guerres qui ont eu lieu plus tard dans la soirée.

Luiz Cane contre Eliott Marshall

Après deux grands moments de solitude contre Rogerio Nogueira puis Cyrille Diabaté, Cane est dos au mur pour ce combat contre l'honorable Eliott Marshall, qui revient à l'UFC après 3 victoires consécutives dans une autre organisation. Marshall fait croire pendant quelques secondes qu'il va accepter l'affrontement debout, quand il envoie un high kick facilement bloqué, mais la tentative de single-leg un peu optimiste qui suit peu après confirme que, sans surprises, il préfère être au sol. Cane, pédagogique, lui montrera avec un crochet du droit qu'en effet ça aurait été préférable, et lui montrera surtout pourquoi il ne faut jamais bloquer un low kick avec les mains contre quelqu'un qui sait boxer (1° ça montre à l'adversaire qu'on est nul en pieds-poings, 2° les mains ne peuvent pas être à deux endroit à la fois, et il est de notoriété publique que la cuisse est loin du menton, 3° de toutes façons ça fait mal quand même). En résistant à la tempête de coups de poings qui suit son knock down, Marshall tente une clef de genou qui crée une ouverture supplémentaire, ce qui suffit à Cane pour finir le travail et prouver que malgré deux défaites éclair consécutives il est encore là.

Rafael Assuncao contre Eric Koch

Dans un style qui rappelle un peu celui de Ryoto Machida, Koch utilise son allonge pour forcer son adversaire à aller le chercher. Cette technique lui permettra de placer un crochet fulgurant en contre, en reculant, avec son poing avancé, qui lui vaudra une victoire spectaculaire et la prime justifiée du KO of the Night.

Mirko « Cro Cop » Filipovic contre Brendan Schaub

Contrairement à Pat Barry lors du dernier combat de Cro Cop, Schaub ne se laisse absolument pas intimider par son adversaire (il se fera même retirer un point par l'arbitre pour des coups dans la nuque!). Le déroulement du combat est assez répétitif, laissant au public le temps de constater qu'on pourrait croire à un affrontement entre le sosie de Sasha Baron Cohen et celui de Bigard : les échanges sont équilibrés en pieds-poings, Cro Cop passe de bons coups de poings et coudes même quand il est bloqué dos à la cage, et Schaub parvient à faire quelques dégâts une fois qu'il a passé son amenée au sol, ce qui aurait du lui suffire pour l'emporter... sans le point déduit. Si on ajoute à ça le prestige de Cro Cop, les coups qui ont tout de même été encaissés, et les critères bien particuliers, connus d'eux seuls, des juges de l'UFC, rien n'est certain quand le gong sonne le début du 3ème round. C'est à peu près une minute avant la fin qu'un direct de Schaub vient toucher de plein fouet la tempe de Filipovic, qui armait un coup de pied. Il s'écroule immédiatement, confirmant après sa défaite contre Mir que le 3ème round ne lui porte pas bonheur. On peut penser aussi que sa garde était basse à cause de la fatigue, mais aussi des nombreuses tentatives d'amener au sol de son adversaire qui ont précédé. Toujours est-il que, comme à son habitude quand il est mis KO, l'ancien champion du Pride est dans un état lamentable. Schaub, en plus de donner un coup de pouce à sa carrière, profite du fait qu'il n'y ait eu aucune victoire sur une clef dans la soirée pour partager le KO of the Night avec Eric Koch.

Nate Marquardt contre Dan Miller

Marquardt domine d'un cran tous les domaines du combat, que ce soit le pieds-poings, les projections et le sol (il va jusqu'à donner l'impression que le ground'n'pound c'est facile, malgré les tentatives de clefs constantes et variées de Miller), et pourtant son adversaire n'est ridicule à aucun moment, plaçant de belles attaques en boxe (mais bien moins que ce qu'il encaisse) et donnant deux fois l'impression que sa guillotine est passée, impressionnant au contraire par sa combativité, son cardio et sa technique. Marquardt gagne nettement, mais pas sans être mis en danger, et surtout seulement sur décision. Miller donne d'excellentes raisons de regretter qu'il n'ait pas été prévenu dans un délai décent qu'il allait affronter l'ancien n°2 de la catégorie, alors que son adversaire est loin, très loin d'avoir fait disparaître les doutes qui ont pu faire leur apparition lors de sa défaite contre Sonnen.

Jim Miller contre Kamal Shalorus

Bien que surnommé Prince of Persia, l'Iranien, avec son palmarès très conséquent en lutte, est plus réputé pour faire voler ses adversaires que pour sauter par dessus des oubliettes. C'est contre cet adversaire prestigieux et invaincu que Jim Miller devra faire honneur à la performance de son frère. Des échanges explosifs en pieds-poings débutent dès que le gong sonne. Difficile de savoir qui a l'avantage jusqu'à ce que le pied de Miller ne vienne claquer sur la tempe de Shalorus, qui amortit à peine le coup avec sa main mais fait l'exploit d'encaisser plutôt bien, sûrement en grande partie grâce à un cou extrêmement musclé. Les échanges debout reprennent au deuxième round, et Miller en profite vers la moitié pour, contre toute attente, amener son adversaire au sol, plongeant sur sa jambe pendant un gauche-droite envoyé un peu haut. Il prend rapidement le dos, mais le gong retentira avant qu'il ne puisse passer un étranglement à Shalorus, ni même déboîter sa mâchoire malgré les fois où il a forcé comme un malade alors que l'avant-bras n'était pas encore sur la gorge. Comme dans le jeu vidéo, Prince of Persia doit maintenant être attentif au chrono : s'il n'en finit pas dans les 5 prochaines minutes, une décision des juges en sa faveur serait une énorme surprise. C'est pourtant Miller qui évitera aux juges de travailler : la tête un peu basse, probablement pour passer une projection ou pour esquiver un crochet, Shalorus mange un uppercut à la trajectoire un peu large qu'il digère moins bien que le high kick du premier round. Il recule maladroitement, pendant que son adversaire finit le travail avec un direct puis un coup de genou.

Urijah Faber contre Eddie Wineland

Faber tente d'entrée de jeu de projeter, et Wineland lui montre d'entrée de jeu que ça ne va pas être facile. Qu'à cela ne tienne, Faber reste collé et fait un inventaire assez complet des projections existantes, sans en passer une. C'est finalement lui qui, à la moitié du round, se retrouve sur le ventre et encaisse un crochet en se relevant. Faber se décide ensuite à boxer. Les combattants sont plutôt à égalité dans le domaine, mais le pied-poings ne permet pas à Faber de mieux passer ses projections. Sa boxe fait penser à de la boxe anglaise amateur de très haut niveau : garde basse, esquives au millimètre, les poings qui partent tout en explosivité et en vitesse. Wineland, lui, se sert de son allonge et cherche le contre. Au deuxième round, Faber finit par passer une amenée au sol, en saisissant la jambe sur un low kick. Il alterne coups de coude et slams sur Eddie Wineland qui ferme sa garde et bloque ce qu'il peut mais a l'air un peu perdu. Un indice assez clair pour les juges pour savoir quel vainqueur ils doivent désigner, mais pas de quoi, loin de là, finir le combat avant le quart d'heure réglementaire. Ce ground'n'pound ne dure pas éternellement et, nouveau round oblige, les combattants finissent par repartir debout. Wineland est plus offensif debout, sans que ça lui permette de prendre vraiment l'avantage. Au contraire, Faber finit par faire mal sur un crochet, ce qui lui permet de passer quelques autres coups de poing. Il passe ensuite une nouvelle projection après une belle séquence de lutte : il ne lui reste plus qu'à continuer de faire ce qu'il a fait un deuxième round pour s'assurer une décision confortable. Un beau combat, qui donne envie de revoir rapidement ces deux combattants.

Jon Jones contre Mauricio Rua

Pour sa première défense de titre, Mauricio Rua affronte un jeune prodige, encore peu expérimenté mais qu'on a encore jamais vu en difficulté. A ceux qui se demandaient s'il oserait utiliser ses techniques aériennes contre un champion du calibre de Shogun, Jones répond rapidement en démarrant le combat sur un coup de genou sauté. Suivent un high kick, un front kick et un coup de pied retourné, mais rien ne passe même si aucune ouverture n'est laissée pour un contre. Autre spécialité de Jones, autre point d'interrogation sur ce combat : les projections. Là encore, une réponse est vite donnée : le lutteur, profitant d'un direct bien esquivé, se colle à son adversaire, et après seulement 30 secondes de combat, Shogun est sur le dos. Ce qui amène au point d'interrogation suivant : le ground'n'pound. Jones s'en était plaint, il a surtout était opposé à des lutteurs. Et les lutteurs sont moins à l'aise sur le dos. Shogun, lui, vient plutôt du jiu-jitsu brésilien, donc sait bien se défendre mais surtout attaquer dans cette position. Bien que presque contre la cage, il tente successivement clefs de genou puis triangle, sans succès, et se fait passer la garde. Il reprend Jon Jones dans sa garde, puis dans sa demi-garde pour aller chercher les jambes pour une clef de genou ou un renversement, mais ça ne passe pas et il prend des coups au passage, et les coups de Jon Jones au sol n'ont rien à voir avec du lay and pray : il frappe pour faire des dégâts, et il y arrive toujours, pour le plus grand plaisir du public qui scande « Jonny Bones Jones » puis « USA ». Shogun se relève, encaisse au passage un coup de genou au corps... puis un au visage (plutôt un high kick en fait, jambe dépliée après un coup de genou manqué de peu), puis un direct plein pot, puis un enchaînement de coups de poing et un front kick au visage! Prouvant qu'il a bien fait ses débuts à la Chute Boxe, où des combattants tels que Wanderlei Silva, Anderson Silva ou son frère Murilo « Ninja » faisaient leurs sparrings à 100% de puissance, Mauricio Rua reste debout, mais avec le dynamisme et l'explosivité d'un zombie. Jones ne parvient pas à l'achever et, étrangement, ne se précipite pas et s'éloigne. Shogun semble aussi avoir la capacité d'encaisse et la résilience du zombie et, malgré deux puissants coups encaissés au corps, récupère AVANT la fin du round. Après un coup de coude retourné facilement esquivé, il saisit le dos de Jones, ce qui stratégiquement peut surprendre contre un tel génie des projections (pourquoi ne pas frapper à la place?). Il plonge en fait dans les jambes, mais ça ne passe pas, et il se retrouve sur le dos. Là, les deux combattants patientent pendant les 30 secondes qui restent jusqu'à la fin du round. En général c'est mal vu, mais en même temps il en reste quatre.

Au deuxième round, Shogun est vite bloqué contre la cage. Profitant cette fois-ci du corps à corps plutôt que d'un échange de coups, Jones passe son coup de coude retourné à la perfection. Un direct suit qui passe dans une garde pas assez serrée mais, là encore, Shogun survit et son adversaire ne se précipite pas pour l'achever. En pieds-poings, le challenger se sert de son allonge et du clinch pour neutraliser celui qui, pour mémoire, vient d'étaler Machida au premier round. La diversité de ses attaques lui permet en plus de toucher et de destabiliser même quelqu'un d'aussi expérimenté. Jones finit tout de même par projeter, et Shogun est à nouveau sur le dos. Même stratégie qu'au premier round de la part de Rua, et mêmes résultats. Le challenger s'offre même une tentative de clef de genou dans les dernières secondes, qui ne passe pas mais lui permet de passer une dernière attaque, un revers au visage.

Entre l'essoufflement de Shogun et la différence de taille, le combat, au début du 3ème round, semble inégal rien qu'à regarder les deux combattants face à face. Rua profite à nouveau de dominer un échange pieds-poings pour saisir le dos puis aller chercher les jambes. Cette fois il parvient à s'emparer... du pied de Jon Jones. Le challenger s'en sort sans problèmes, et repasse rapidement dans la garde de Shogun. Sans même passer en demi-garde, il assène des frappes puissantes, et parvient à prendre de plus en plus d'amplitude, contraignant le champion à une roulade arrière pour s'en sortir. Il se relève, mais dans un état lamentable (un œil presque fermé) et s'adosse à la cage. Il suffit d'un crochet au corps pour le faire tomber à genoux. L'impensable s'est produit : Shogun a abandonné la ceinture qui lui allait si bien.

Jon Jones s'empare de la ceinture sans avoir été mis en difficulté une seule fois dans sa carrière à l'UFC, et dans les conditions les plus spectaculaires : prévenu seulement 6 semaines avant et juste après un combat, extrêmement jeune (23 ans, deux combats plus tôt il affrontait Matyushenko qui n'a quand même rien à voir avec Shogun), et quelques heures après avoir arrêté un voleur de GPS (véridique!). Même dans un film américain au scénario écrit en 2 jours, ça ne serait presque pas crédible. Même si la ceinture est maudite depuis un moment (Shogun est le 4ème à la perdre lors de sa première défense), difficile de voir qui pourra la prendre à Jon Jones. Le prochain challenger, Rashad Evans, est surtout connu pour ses contres et son niveau en lutte, deux atouts qui semblent difficiles à faire valoir contre un tel adversaire. De plus, si la catégorie est bien remplie (Couture, Machida, Shogun, Jackson, Hamill, Griffin, Ortiz, Rogerio Nogueira, …), il y a peu de nouvelles têtes, de combattants dont on n'a pas encore vu les limites (un peu comme Ryan Bader... jusqu'à il y a 6 semaines), si ce n'est Phil Davis, qui aura d'ailleurs un gros test ce samedi contre Rogerio Nogueira, mais il paraît encore loin du combat pour le titre. Tout ressemble donc au début d'une carrière tellement pleine de promesses que c'en est caricatural.

Malgré tout, comme dans la plupart des sports, tout peut arriver : Machida semblait tout aussi invincible quand il a retiré la même ceinture de la taille de Rashad Evans, et ont suivi une victoire discutable sur le fil, puis deux défaites. Et, si le même type de sort attend Jon Jones, on se souviendra plus facilement de son orgueil (pour l'instant justifié) que de son incroyable parcours.

vendredi 18 mars 2011

UFC 128 : clash des champions aériens




Pour cet UFC 128, un main event qui va probablement rester longtemps dans les mémoires fait de l'ombre aux autres combats.

Jon Jones contre Mauricio «Shogun» Rua

Il est jeune, il sort presque de nulle part, il est explosif, complet, il écrase presque tous ses adversaires avec des techniques peu orthodoxes... oui, il s'agit bien de Jon Jones, mais on pouvait dire mot à mot la même chose de Shogun il y a quelques années, en particulier le soir où, après avoir battu facilement Alistair Overeem, il s'est promené contre Ricardo Arona, remportant le dernier tournoi middleweight du Pride avant la disparition de l'organisation. Est-ce que j'ai été le seul, quant il a signé à l'UFC, à penser avec certitude que la ceinture allait lui revenir, et à avoir la sensation de prendre une enclume sur la tête quand Forest Griffin l'a fait taper (sa blessure au genou, qui lui a ensuite valu une très longue absence et un retour vraiment pas transcendant contre Mark Coleman, n'a été révélée qu'après)?

Le feu d'artifices est presque promis. En pieds-poings, l'allonge et la rapidité de Jon Jones ont fait leurs preuves, mais personne ne remettra en question le niveau d'un ancien de la Chute Boxe, qui plus est le seul à avoir mis KO Lyoto Machida. Jones a projeté d'excellents lutteurs, Shogun est resté sur ses pieds le peu de temps qu'a duré son combat contre Arona, et passait des double-leg à volonté à l'excellent judoka Kazuhiro Nakamura. Jon Jones sait finir très rapidement ses combats une fois au sol, que ce soit sur du ground'n'pound ou sur des soumissions, mais Mauricio Rua est aussi facile à immobiliser qu'une savonnette pendant un tremblement de terre, et sait aller chercher les jambes pour une clef de genou.

Le pronostic est difficile. En défaveur de Jones, son manque d'expérience (très relatif : même s'il a peu de combats, il a vaincu – et facilement! - de grands adversaires) et le fait qu'il ait eu très peu de temps pour se préparer, mais ce point ne semble absolument pas le perturber. Son cardio est un point d'interrogation aussi : il a l'habitude de finir rapidement ses combats, et ne s'est jamais battu sur 5 rounds. Mais il a montré, par exemple contre Stephen Bonnar, qu'il avait la capacité extraordinaire de rester dangereux même quand il n'avait absolument plus de jus.

Difficile de trouver, en dehors du niveau magique de son adversaire (sûrement la seule personne qui peut se permettre de dire en interview qu'il veut être un champion avec le niveau de lutte de GSP et le pied-poings d'Anderson Silva sans qu'on prenne ça comme de l'humour), des points faibles à Shogun pour ce combat. La ceinture qu'il vient d'acquérir est maudite depuis un moment (Griffin, Evans puis Machida -officieusement- ont perdu le titre à leur première défense), mais ni lui ni sa team ne semblent superstitieux. Il risque d'être dans la m... s'il se retrouve sur le dos, alors qu'il n'aura pas en pieds-poings l'avantage qu'il a l'habitude d'avoir contre des lutteurs, mais le problème était le même contre Quinton Jackson au Pride, et ça s'était pourtant très mal passé pour Rampage.

Si Shogun remporte le combat avant la limite, il aura mis fin deux fois de suite à une légende d'invincibilité. Si Jon Jones devient déjà champion, malgré un temps de préparation ridicule et un très jeune âge, ça ressemblera au début d'une carrière comparable à celle de Fedor (fausse défaite comprise). Et le plus beau, c'est qu'il y a très peu de chance que les juges de l'UFC, apparemment gros consommateurs d'hallucinogènes, aient l'occasion de faire des conneries.

Eddie Wineland contre Urijah Faber

Ne connaissant absolument rien, et c'est très très mal, au WEC, dont les combattants ont migré à l'UFC, je n'ai vraiment rien d'intéressant à dire sur ce combat, sinon qu'il s'annonce spectaculaire et que Wineland devrait à priori tout faire pour rester debout. Le vainqueur affrontera Dominick Cruz pour le titre.

Brendan Schaub contre Mirko «Cro Cop» Filipovic

ça fait un moment que le kickboxer croate n'a plus grand chose à voir avec la terreur qu'il était au Pride, sa grande gueule et son habitude de mettre l'index dans l'oeil de ses adversaires sont à peu près les seules choses qui n'ont pas bougé. Face à ce combattant sur la pente descendante, Brendan Schaub qui au contraire a un début de carrière très encourageant. Battu une seule fois, largement mais ce n'est pas le seul, par Roy Nelson, Schaub vient d'ajouter le très grand Gabriel Gonzaga (auteur d'une des pires défaites subies par Filipovic) à ses victimes. Si l'Américain a reconnu avoir grandi en étant fan de Cro Cop, espérons très fort qu'il ne fera pas l'erreur de Pat Barry, qui avait vite transformé un combat bien démarré en épisode de «Fan de».

Nate Marquardt contre Dan Miller

Une pensée pour commencer pour Yoshihiro Akiyama, qui a du renoncer à sa participation à l'UFC suite au séisme qui a frappé son pays. Quoi qu'on puisse penser de l'écart entre sa carrière à l'UFC (2 défaites et une décision partagée) et ses ambitions (représenter l'Asie dans l'univers du free-fight comme Manny Pacquiao le fait pour la boxe), c'est bien entendu le genre de chose qu'on ne souhaite à personne.

Marquardt affrontera donc Dan Miller, qui a accepté au pied levé de remplacer Akiyama. Le combat pour le titre, qui semblait aller de soi pour Marquardt il n'y a pas si longtemps, retardé par la défaite surprise (mais totale) contre Chael Sonnen, paraît hors d'atteinte depuis qu'il a à nouveau perdu contre Yushin Okami. Si, contre un adversaire qui n'a encore rien accompli d'extraordinaire et qui a été prévenu une semaine avant, il ne l'emporte pas en dominant chaque seconde du combat, il aura probablement fait une chute d'une rapidité historique dans le classement officieux de l'UFC. Miller, au contraire, n'a rien à perdre, et passera vraiment une excellente soirée s'il crée la surprise ET que son frère Jim inflige en plus sa première défaite à Kamal Shalorus.



mardi 15 mars 2011

UFC on Versus 3 et (dernier?) Strikeforce

On commence avec quelques combats de l'UFC on Versus 3.

Cyrille Diabaté contre Steve Cantwell

Avec une victoire et une défaite, Cyrille Diabaté doit impérativement gagner s'il veut être sûr de continuer sa carrière à l'UFC. Le kickboxer français reste à distance prudente, envoie avec un timing parfait ses poings et ses tibias et touche très souvent, même si ses bras le long du corps même très tôt dans le combat laissent inquiet sur son cardio. Cantwell, malgré sa ceinture noire de JJB, ne fait rien de son amenée au sol au 1er round, et Diabaté semble à un cheveu d'obtenir le KO sur un uppercut, 20 secondes avant le gong. Le même scénario continue au 2ème round : Cantwell semble servir de sac de frappe pour une démonstration de boxe thaï (on se demande parfois comment il fait pour ne pas tomber KO), Diabaté pousse même la provocation jusqu'à l'amener au sol, mais sa domination écrasante est tempérée par une fatigue qui s'accumule. 3Ème round sans aucune amenée au sol, Cantwell tente quelques high kicks qui sont loin d'avoir la moindre chance de passer, la décision unanime qui suit est très largement méritée pour Diabaté, qui espérons le sera bientôt réinvité à envoyer ses tibias sur d'autres côtes.

Chris Weidman contre Alessio Sakara

Weidman a accepté 2 semaines avant d'affronter, pour son premier combat à l'UFC, Sakara qui, personne ne le niera, frappe fort. Une solution pour se débarrasser rapidement du problème : se servir de son niveau en lutte (victoires dans cette discipline sur... Phil Davis et Ryan Bader!). L'Italien parvient pourtant à rester sur ses pieds, et si la plupart de ses crochets sont bloqués, le low kick qui suit ne l'est jamais et claque bien. Malgré le peu d'attaques que Weidman passe (ses jabs sont lents et téléphonés, le reste timide), Sakara finit le 1er round avec une énorme coupure à l'arcade. Le ton change dès les 1ères secondes du 2ème round, quand Weidman passe un single-leg. La coupure de Sakara est énormément aggravée, et cette fois-ci on sait pourquoi. L'arbitre, on ne s'en étonne plus vraiment, attendra une accalmie dans le round (quand l'Italien aura réussi à se relever, plus de 2 minutes plus tard!) pour arrêter le combat le temps d'essuyer. Sakara exprimera son mécontentement... en s'essuyant sur la chemise de l'arbitre, qui le prend plutôt bien. La dernière minute se passe debout en boxe et Weidman, bien que plus convaincant et sûr de lui qu'au round précédent, encaisse beaucoup de crochets au corps. Sakara passera le 3ème round à limiter, sous le dos, les dégâts du ground'n'pound de Weidman. L'Américain remporte une décision unanime qui, si l'écart n'était pas si large, est méritée. Débuts à l'UFC encourageants pour ce combattant encore invaincu.

Mark Munoz contre CB Dollaway

Après avoir subi un takedown et s'être relevé rapidement, Munoz passe un direct qui n'est pas sans rappeler ceux de Dan Henderson, en contre, au menton de CB Dollaway. Son regard dans le vide et le fait qu'il ne tienne plus debout sont de bons indices pour l'arbitre qu'il est temps d'arrêter le combat. Dollaway n'est pas d'accord. Pourtant, il ne bloquait pas les coups que Munoz lui a envoyés dans la foulée, et quand on connaît la puissance du ground'n'pound de Munoz, il faut se voiler la face pour penser que la cervelle ne lui aurait pas coulé par le nez si personne n'avait arrêté les frais. Le tout aura duré 54 secondes, le Philippin rappelle qu'il a sa place plus haut que ça dans la hiérarchie des poids moyens.

Diego Sanchez contre Martin Kampmann

Après s'être fait arnaquer par les juges après sa domination très inattendue sur Jake Shields (particulièrement écoeurant quand on constate que Shields, grâce à cette «victoire», sera le prochain à affronter Georges Saint Pierre pour le titre), Kampmann continue est face à Diego Sanchez, autre adversaire de haut calibre. Kampmann, prudent, touche avec des directs (dont un contre qui mettra Sanchez... sur les fesses, comme son nom l'indique) et des coups de genou, et bloque au premier round toutes les amenées au sol de son adversaire. «The Dream» (nouveau surnom, avant c'était «The Nightmare», si quelqu'un comprend l'intérêt du changement qu'il n'hésite pas à faire signe) envoie et passe parfois des crochets, sans faire d'énormes dégâts. Au 2ème round, Sanchez touche plus (en particulier pendant un échange de crochets, mais Kampmann s'en dégage facilement dès que son adversaire prend l'avantage), mais, malgré de très nombreuses tentatives, ne passe pas une seule amenée au sol. Rien de bien nouveau au 3ème round, si ce n'est que Sanchez passe enfin une amenée au sol, mais Kampmann se relève immédiatement. Les juges, originaux, donnent unanimement la victoire à Sanchez. Pourtant, comme le fait remarquer Kampmann, il suffit de regarder leurs 2 visages pour voir qui a le plus ramassé. Si lui même est assez enflé, on dirait que Diego Sanchez s'est mis du miel sur le visage avant de mettre la tête dans un nid d'abeilles. Et c'est sans compter les amenées au sol bloquées en continu. L'ancien champion du Danemark de kickboxing a de quoi être dégouté par les juges de l'UFC, qui esquintent sérieusement sa carrière pour la deuxième fois consécutive.

Passons maintenant au Strikeforce, qui sera peut-être le dernier, mais si c'est le cas, ça aura eu le mérite de finir en beauté, avec en particulier 2 titres en jeu.

Jorge Masvidal contre Billy Evangelista

Masvidal inflige sur une décision logique sa première défaite à Billy Evangelista qui a dû se sentir bien seul, dominé d'un cran dans tous les domaines (boxe, lutte, clinch, sol, …).

Melvin Manhoef contre Tim Kennedy

Après avoir échoué dans sa tentative de prendre la ceinture de Jacare, l'un des meilleurs grapplers au monde, Kennedy affronte Manhoef et ses crochets aussi explosifs que surpuissants, qui ont fait des victimes même au K-1. L'ancien béret vert devra se servir de son expérience pour éviter les tirs de mortier! Manhoef, moins performant au sol que debout (pour utiliser un euphémisme), a très vite l'occasion de montrer qu'il a bien bossé la lutte. Kennedy étant très prudent au niveau des distances, son adversaire doit se contenter d'envoyer des low kicks. Il en passe deux, qui font déjà mal. Sur le deuxième, Kennedy fonce une nouvelle fois sur ses genoux pendant qu'il repose la jambe et, en s'y prenant à plusieurs temps, envoie enfin Manhoef, le dos bloqué par la cage, au sol, atterrissant dans une garde latérale qui n'arrange pas le kickboxer! Il passe très vite à cheval, Manhoef donne son dos pour se sortir, mauvaise idée : immobilisé instantanément par Kennedy qui n'a plus qu'à passer son avant-bras sous sa gorge, il tape peu après sur un étranglement.

Marlos Coenen contre Liz Carmouche

Après avoir pris la ceinture de Sarah Kauffman, Coenen défend pour la première fois son titre contre la prometteuse Liz Carmouche, son adversaire initale ne pouvant pas combattre. Sans vouloir manquer de respect à l'Américain, on a tout de même un peu de mal à y croire quand Coenen dit en interview que c'est un « challenge » d'affronter quelqu'un qui n'a que six combats (même s'ils ont tous été remportés) au palmarès et qu'on a prevenu seulement deux semaines avant qu'elle allait combattre... en 5 rounds et contre la championne. Et pourtant...

Au premier round, le combat se déroule uniquement debout. Sans surprises, Marlos Coenen (qui s'entraîne à la Golden Glory... comme entre autres un certain Semmy Schilt, et un certain nombre de combattants du K-1) domine les échanges, profitant de son allonge pour bloquer les coups de poings de Carmouche, et écraser à répétition ses tibias sur sa cuisse, même si elle prend aussi quelques low-kicks au passage. Carmouche ne se démonte pas et entame le 2ème round encore plus agressive, ce qui lui vaudra un douloureux direct en contre dans les premières secondes (oui, les premières secondes ça veut dire quelque chose et non, ce n'est pas un jeu de mots). En clinch contre la cage, Coenen profite que son adversaire aille chercher les jambes pour tenter une guillotine, et se laisse basculer en arrière pour finir l'étranglement. Carmouche se dégage facilement... et là, c'est le drame. Après quelques coups pas très convaincants depuis la garde, l'Américaine se relève pour prendre de l'amplitude et passe un premier direct puissant. Coenen la reprend dans sa garde et tente de lui faire la même chose qu'à Sarah Kauffman (juji inversé), sans succès. Carmouche se relève encore, mais au lieu de frapper passe (facilement) en garde latérale. Quelques violents coups de genou au biceps et à l'épaule, puis une clef de talon esquivée plus tard, Carmouche cartonne son adversaire depuis la position à cheval. Il reste une minute entière dans le round. Coenen ne semble connaître qu'une seule sortie (passer les jambes devant les épaules de l'adversaire pour le faire basculer en arrière), pas de bol elle ne marche pas. La Hollandaise retourne dans son coin esquintée, et surtout probablement en retard au niveau des poings, pas bon pour l'honneur quand on défend son titre contre quelqu'un qui a été prévenu au dernier moment (au fait, est-ce que Shogun a regardé ce combat^^?). La 3ème reprise se déroule en clinch presque dès le début, et Carmouche, cette fois-ci de façon orthodoxe (balayage), amène le combat au sol à la moitié du round. Il ne lui faut que 10 secondes pour passer de la garde latérale à la position à cheval. Coenen bloque et amortit comme elle peut, pas suffisamment pour pouvoir espérer que le score donné par les juges ne soit pas catastrophique pour elle, ou pour s'épargner une très mauvaise nuit avec une migraine conséquente, mais suffisamment, et c'est loin d'être négligeable, pour ne risquer le TKO à aucun moment, ce qui doit prodigieusement frustrer et énerver Carmouche. Au début du 4ème round, Coenen est donc dos au mur, pas au sens propre comme pendant une bonne partie des différents clinchs, mais au sens figuré, contrainte à renverser le cours du combat pour qu'il lui reste le moindre espoir de gagner sur décision, si le combat devait durer les 10 minutes réglementaires restantes. Le combat ne va au sol qu'au bout de 15 secondes, mais c'est la Hollandaise cette fois-ci qui est se retrouve au dessus après avoir contré un balayage. Elle frappe un peu et se relève. Carmouche en profite pour passer un single-leg, et dès l'atterrissage Coenen semble armer une clef de bras, malgré la domination subie au sol jusqu'ici. C'est en fait un triangle qu'elle verrouille, dans un incroyable remake de Silva/Sonnen. Carmouche passe un violent crochet (dernière tentative de s'en sortir ou volonté de faire payer sa défaire à Coenen?), puis tape. Après un incroyable combat, un incroyable retournement de situation. L'ironie veut qu'il soit survenu au 4ème round, comme si Coenen avait voulu montrer la différence entre champion et challenger (les combats sans titre en jeu ne se déroulent qu'en 3 rounds). On peut aussi s'étonner et s'émouvoir de voir que Carmouche semble, dans l'interview qui suit, bien prendre sa défaite. Elle disait avant le combat n'avoir rien à perdre (enfin, c'est aussi ce que disaient Goodridge avant d'affronter Fedor et Goes avant d'affronter Coleman, et on a bien vu que... en fait si) et on la croyait sans peine, et elle a montré à la grande surprise de tous (surtout de Marlos Coenen O:) ) que c'était faux. Une grande leçon de sportivité, dans plusieurs sens du terme, donnés par Liz Carmouche, qui a sûrement un très grand avenir dans le sport. On attend aussi avec impatience de revoir Marlos Coenen, qui a montré qu'elle savait gagner (ça on le savait déjà!) mais surtout revenir de loin.

Dan Henderson VS Rafael Cavalcante

Après avoir remporté une demi-finale contre Babalu, Hendo affronte logiquement le champion, Rafael Cavalcante, qui défend, avec dans son coin Pedro Rizzo et Anderson Silva, son titre tout neuf, remporté en infligeant sa première défaite à Mohammed Lawal. Dan Henderson combat avec sa garde légendaire (celle qui fait bien comprendre que n'importe lequel de ses poings peut partir vite, et mettre KO), ce qui n'empêche pas «Feijao» d'entamer les hostilités avec un puissant low kick jambe arrière. Après un deuxième low kick passé, et un direct digne des directs habituels d'Hendo esquivés, il se paye même le luxe d'un knock down (sur un crochet) sur le challenger. Ancien lutteur olympique, celui-ci se relève vite et passe une amenée au sol. Absolument pas intimisé, Cavalcante arme quelques clefs, sans pouvoir aller très loin. Le combat repart debout, le round se terminera en clinch. Hendo semble décidé à passer aux choses sérieuses au deuxième round, et avance en envoyant crochets et low kicks. Feijao tempère avec un clinch. Après différentes tentatives de part et d'autres, Henderson atterrit en demi-garde en contrant une amenée au sol. Cavalcante passe un magnifique renversement avant de prendre trop de coups, et frappe mollement jusqu'à ce que les sifflement du public poussent l'arbitre à relever les deux combattants. Après quelques échanges en boxe, Hendo passe une nouvelle amenée au sol, et le round se termine. Au début du 3ème round, le fameux direct de Dan Henderson percute Feijao pile sur le menton. Il tombe sur le ventre, Hendo verrouille la position et l'achève. Lui qui avait gagné la ceinture si convoitée de Wanderleï Silva lors du dernier Pride, remporte son premier titre depuis... juste avant le rachat du Strikeforce.